A propos d'Elly

Titre original:	A propos d'Elly
Réalisateur:	Asghar Farhadi
Sortie:	Cinéma
Durée:	117 minutes
Date:	09 septembre 2009
Note:

Trois couples d'amis profitent de la visite en Iran d'Ahmad, exilé en Allemagne, pour partir ensemble pour trois jours au bord de la mer caspienne. Soucieuse de trouver une nouvelle épouse pour Ahmad, qui se remet à peine de son divorce, Sepideh a invité Elly, l'institutrice de sa fille, à les rejoindre. Le groupe s'installe dans une villa quelque peu délabrée au bord de l'eau. Tout se passe bien au début, mais un événement tragique au deuxième jour des vacances ébranle durablement les rapports entre les amis de longue date.

Critique de Tootpadu

La plus grande qualité de ce film iranien, lauréat de l'Ours d'argent du meilleur réalisateur au dernier festival de Berlin, c'est qu'il ne met en avant aucune spécificité de son pays. L'histoire intense d'un week-end de vacances qui tourne au drame aurait pu se passer dans n'importe quel pays du globe. Elle aspire avec succès à une universalité, qui rend immédiatement accessibles ses personnages et les heures troublantes de crainte et d'incertitude qu'ils doivent traverser ensemble. Dès les premières minutes du film, qui s'ouvre sur des cris de joie émanant de la voiture des vacanciers, celui-ci tranche avec l'image réduite que les médias, et les rares films qui nous en parviennent, proposent de l'Iran. La misère sociale et morale, omniprésente ailleurs, joue au mieux un rôle très secondaire dans le contexte de cette réunion d'amis.
La tension au sein du groupe est au centre de ce huis-clos efficace. Le ton enjoué du début autour de la nouvelle venue et de sa compatibilité avec Ahmad fait brutalement place à une ronde étouffante de suspicions et de demi-vérités, après sa disparition mystérieuse. Le réalisateur Asghar Farhadi orchestre alors son récit comme un mélange savant entre un règlement de comptes et un thriller prenant. Il demeure si fidèle au genre qu'on ne serait pas étonnés de voir tôt ou tard un remake américain d'A propos d'Elly, tellement le dispositif se prêterait à une récupération de ses éléments les plus spectaculaires.
Toutefois, la construction scénaristique et la narration dense de Farhadi cherchent avant tout à mettre à nu les failles humaines des personnages dans une situation de tension extrême. Chacun joue un rôle précis dans la tragédie de la noyade présumée, sans que cette distribution de responsabilités ne paraisse artificielle. Au contraire, l'authenticité et la richesse humaine des personnages séduisent une fois de plus chez ce réalisateur iranien, plus que prometteur au bout de quatre longs-métrages.
Hélas, le Club de l'Etoile n'est plus exempt d'incidents fâcheux de projection. Exactement une semaine après la séance foireuse d'Une arnaque presque parfaite, le mauvais sort du cinéma s'est une fois de plus acharné sur nous. La bande son était également en cause ici, avec deux interruptions et deux bobines entières, non-consécutives, accablées d'un son très désagréablement étouffé ! Ce qui est quand même le comble pour la réception d'un film, qui a été récompensé dans son pays d'origine pour la qualité de sa bande son !

Vu le 12 août 2009, au Club de l'Etoile, en VO

Note de Tootpadu: