Attaque du métro 123 (L')

Titre original: | Attaque du métro 123 (L') |
Réalisateur: | Tony Scott |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 106 minutes |
Date: | 29 juillet 2009 |
Note: | |
Une rame de métro est immobilisée dans un tunnel du réseau de New York. Le contrôleur Walter Garber, récemment dégradé de son poste de cadre suite à des accusations de corruption, croit d'abord à un défaut technique. Mais il est rapidement contacté par un homme nommé Ryder, à la tête d'un groupe de mercenaires, qui a pris en otage un wagon de la rame avec dix-huit passagers à bord. Ryder menace d'en tuer un chaque minute, s'il n'obtient pas dix millions de dollars du maire au bout d'un ultimatum d'une heure.
Critique de Tootpadu
Le générique de ce remake du film de Joseph Sargent laisse craindre le pire, avec son montage saccadé et son style visuel qui nous rappelle les plus grandes abominations esthétiques de Tony Scott. Heureusement, nous échappons in extremis au mal de tête que nous inspirent normalement les cadrages élaborés jusqu'à l'excès par le réalisateur. Néanmoins, ce dernier prouve une fois de plus qu'il est largement incapable de créer de la tension filmique avec des moyens plus sophistiqués et subtils qu'une caméra hyperagile. La prémisse du film, un affrontement statique entre un train immobilisé et une salle de contrôle, aurait nécessité une approche plus dense et moins redevable à l'esbroufe visuelle que l'agitation superficielle sur laquelle Tony Scott se repose hélas de plus en plus souvent. Il est rare que sa narration nerveuse convient aux spécificités de l'intrigue, comme par exemple dans USS Alabama et Ennemi d'état, ses deux films les plus solides à ce jour. La norme de son oeuvre est par contre bien moins reluisante, avec une surcharge visuelle agaçante après l'autre.
Ainsi, les tentatives forcées pour dynamiser l'intrigue s'avèrent pour la plupart décevantes. Une course à travers la ville pour apporter l'argent à temps, truffée de cascades spectaculaires au goût artificiel, et le montage parallèle entre le train fou et la poursuite des malfrats par un protagoniste, qui se réinvente soudainement en policier sans crainte, ne suffisent pas pour combler les faiblesses de tension qui ont marqué la première partie du film, avant la conclusion trop conventionnelle. Les incongruités de l'intrigue sont alors à peine escamotées par les rapports tendus qui se tissent entre le chef des gangsters et son interlocuteur privilégié. A ce sujet, les deux têtes d'affiche reprennent des rôles qui leur ont déjà mieux réussi dans le passé. Le criminel psychotique que John Travolta campe sans trop de conviction trouve un pendant aussi peu engageant en la personne du contrôleur consciencieux de Denzel Washington, dont la moralité sort finalement indemne de l'affaire.
Par ailleurs, l'aspect probabalement le plus intéressant de L'Attaque du métro 123, c'est sa façon de colporter sans trop de gêne une hiérarchie de valeurs douteuses. Outre la définition claire des personnages selon des critères ethniques et sociaux, qui peut prendre une forme injurieuse, la question de culpabilité concerne à peu près tout le monde. Plus encore que par la présentation opportuniste d'un nouveau type de méchant, très à l'aise dans notre ère d'escroqueries bancaires à grande échelle, le film se démarque par l'accent presque caricatural qu'il met sur l'imperfection morale de tous les personnages. Au point de nous présenter un monde plutôt accablant, à la fois du point de vue d'une esthétique filmique en roue libre, et de celui d'une échelle de valeurs sans réelle possibilité de rédemption.
Vu le 4 août 2009, au MK2 Bibliothèque, Salle A, en VO
Note de Tootpadu:
Critique de Mulder
L'Attaque du métro 123 est le remake d'un classique du polar urbain des années 1970, Les Pirates du métro, réalisé par Joseph Sargent en 1974. Cette version fut directement à la source de l'inspiration du Reservoir Dogs de Quentin Tarantino : les personnages portaient des noms de code basés sur les couleurs : Mr Orange, Mr Blue, ...
Tony Scott, frère ainée de Ridley, est plus réputé par sa façon de mettre en scène ses films que par les scénarios sur lesquels ils reposent. Ces anciens films se voyaient plus comme d'énormes clips vidéos (Top gun, Beverly Hills cop 2, Jours de tonnerre) que comme des films classiques. Une nouvelle fois, ce réalisateur semble plus plébisciter la forme. Sa façon de filmer est certes très intense, mais malheureusement une fois de plus, le scénario ne semble guère avoir été travaillé.
Le résultat ainsi obtenu fait que l'on regarde John Travolta casser une nouvelle fois son image, mais avec moins de réussite que lorsque cet acteur joue sous la direction de Quentin Tarantino (le Einsten des réalisateurs américains) et nous suivons une nouvelle fois le combat dantesque de Denzel Washington pour sauver des innocents. Certes, la machine est bien huilée, mais tout ici semble avoir été vu et revu une infinité de fois.
J'ai donc regardé ce film avec intérêt, mais il ne restera pas dans ma mémoire comme une oeuvre marquante de ce réalisateur surdoué de la caméra. J'espère que son prochain film sera un vrai et bon blockbuster et non un remake insipide et sans grand intérêt.
La moralité de ce film tend à croire que personne dans ce monde est innocent, que nous sommes tous en proie à la corruption pour réussir à avoir une meilleur vie. Cette moralité n'étant pas la mienne, je ne peux donc approuver totalement ce film.
Vu le 30 juillet 2009, au Gaumont Disney Village, Salle 1, en VF
Note de Mulder: