Titre original: | London river |
Réalisateur: | Rachid Bouchareb |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 88 minutes |
Date: | 23 septembre 2009 |
Note: | |
En juillet 2005, la capitale anglaise est secouée par une vague d'attentats terroristes à la bombe dans les transports publics, qui font une cinquantaine de morts. La veuve Elisabeth Sommers, installée sur l'île de Guernesey, s'inquiète alors pour sa fille Jane, partie faire ses études à Londres, dont elle est sans nouvelles depuis l'incident. Puisque tous ses messages téléphoniques restent sans réponse, Elisabeth Sommers part à sa recherche sur place. A son grand étonnement, Jane, toujours introuvable, habite dans un quartier d'immigrés et partage apparemment sa vie avec Ali, un étudiant africain. Pendant ses démarches auprès de la police et des hôpitaux, Elisabeth Sommers croise sans arrêt le vieux Ousmane, venu lui aussi de loin pour prendre des nouvelles de son fils.
Critique de Tootpadu
Le prétexte des attentats mis à part, ce film reprend la formule éprouvée de la rencontre inopinée entre deux personnages que tout oppose, au point qu'ils ne se seraient sans doute jamais croisés autrement. Alors que le fléau de la menace terroriste prend la relève des inquiétudes sociales des décennies passées, London river reste néanmoins tout à fait fidèle à la tradition du cinéma britannique engagé depuis les années 1980. La ressemblance est indéniable avec les premiers films de Stephen Frears par le ton et la bande originale très jazz, avec Secrets et mensonges de Mike Leigh par le traitement du racisme et la présence de l'actrice principale, et enfin, dans un tout autre registre, avec Tableau de famille de Ferzan Ozpetek par les révélations faites suite à la disparition d'un être cher.
Comme déjà dans l'épique Indigènes, Rachid Bouchareb n'ambitionne nullement ici de réinventer le genre, dans ce cas celui du drame social à fort potentiel lacrymogène. Sa démarche se caractérise davantage par une sincérité humaine et un intimisme, qui étaient plutôt éclipsés par la lourde charge polémique dans son film précédent. Le sort néfaste des attentats a réuni Elisabeth Sommers et Ousmane. Mais ce n'est pas pour autant que leur solidarité de fortune s'articule avec empressement et enthousiasme. Bien que l'animosité initiale que la mère de Jane éprouve à l'égard du père d'Ali ne soit pas faite pour durer, il faudra un certain temps à ces deux personnages-là avant qu'ils ne comprennent qu'ils ont plus de points en commun que de choses qui les séparent. De ce point de vue, le film suit peut-être un peu trop docilement la voie tracée par tant de drames semblables sur un rapprochement hésitant, qui sont venus avant lui. Le manque de prétention et l'assurance dans le maintien d'un ton grave mais guère plombant, à l'exception de la fin déprimante, garantissent cependant au sixième film de Rachid Bouchareb un investissement émotionnel sans partage.
L'essentiel du poids du film, en termes de crédibilité et d'engagement humain, repose ainsi sur les épaules des deux personnages principaux. Tandis que Sotigui Kouyaté, récompensé par l'Ours d'argent au dernier festival de Berlin, personnifie magistralement toute la dignité et la retenue pudique de l'Afrique, Brenda Blethyn apporte une autre facette, plus émotionnelle et apeurée, à ce film très émouvant.
Vu le 3 août 2009, au Club Marbeuf, en VO
Note de Tootpadu: