
Titre original: | Train (Le) |
Réalisateur: | John Frankenheimer |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 128 minutes |
Date: | 22 septembre 1964 |
Note: | |
En mai 1944, alors que les forces alliées se rapprochent de Paris, le colonel von Waldheim fait enlever un nombre important d'oeuvres d'art du Jeu de Paume, afin de les ramener en Allemagne. Alertée par Mlle Villard, la gardienne de ce trésor culturel à la valeur inestimable, la Résistance française charge le cheminot Labiche d'empêcher l'envoi du train, qui doit prendre son départ dans son secteur. Avec les derniers survivants de son groupuscule résistant, Labiche entreprend alors une série d'actes de sabotage, qui se heurtent tous à la détermination de von Waldheim.
Critique de Tootpadu
Le cinéma français n'est pas le seul à rendre hommage à ses cheminots résistants, notamment dans La Bataille du rail de René Clément, comme le montre ce film américain très efficace. La course contre la montre pour empêcher le vol des oeuvres d'art y est évoquée sans faux pathos. Préoccupé principalement par des scènes d'action spectaculaires et un rythme narratif soutenu, Le Train se permet également quelques observations plus philosophiques sur le rôle de l'art en temps de guerre, au début et à la fin.
Comme la plupart des films réussis de John Frankenheimer, celui-ci garde toujours les implications morales de ses personnages à l'esprit, même dans les séquences les plus intenses. Le héros involontaire du film - un Burt Lancaster époustouflant surtout lorsqu'il exécute lui-même des cascades périlleuses - n'est guère convaincu de l'utilité de sa mission. La valeur ajoutée du train se trouve pour lui dans le nombre croissant de civils tués, peu importe qu'ils soient ses amis ou des inconnus, pour permettre l'aboutissement du plan entêté de son adversaire, un Paul Scofield lui aussi remarquable d'intensité. En ces derniers jours brutaux d'une guerre qui ne l'était pas moins, une vie humaine ne vaut en effet plus grand-chose et un sentiment d'absurdité, à cause de la multiplication des sacrifices pour une cause assez abstraite, n'est jamais très loin.
Un film de genre très solide, Le Train séduit par l'authenticité stupéfiante de ses scènes d'action. Longtemps avant que les effets spéciaux numériques ne rendent tout possible et joli à regarder, mais pas forcément crédible, les différents accidents et carambolages de locomotives sont des plus impressionnants. Ils font aisément oublier les désagréments mineurs du film, comme le doublage quasiment systématique des acteurs français, la musique de Maurice Jarre un peu trop en mode Lawrence d'Arabie, et quelques écarts de la mise en scène, comme la montée à la chambre d'hôtel, dont l'aspect claustrophobe conviendrait davantage aux thèmes paranoïaques du chef-d'oeuvre de John Frankenheimer, L'Opération diabolique.
Revu le 14 juillet 2009, en DVD, en VO
Note de Tootpadu: