Journée de la jupe (La)

Journée de la jupe (La)
Titre original:Journée de la jupe (La)
Réalisateur:Jean-Paul Lilienfeld
Sortie:Cinéma
Durée:90 minutes
Date:25 mars 2009
Note:
Au collège d'un quartier défavorisé, la professeur de français Sonia Bergerac aimerait bien enseigner Molière à ses élèves adolescents et rebelles. Mais le cours dans la salle de théâtre est sans cesse perturbé. Lorsqu'elle trouve par hasard un pistolet dans le sac de Mouss, la prof prend neuf de ses élèves en otage.

Critique de Tootpadu

Si Isabelle Adjani ne figurait pas au générique de ce téléfilm larvé, ce dernier n'aurait probablement pas connu une exploitation en salles après sa diffusion sur arte à la mi-mars. Même la présence d'une des plus grandes stars du cinéma français de ces trente dernières années ne peut cependant sauver La Journée de la jupe de son statut de pamphlet démagogique, qui se sert des tensions dans l'enseignement public pour déverser sur nous, pauvres spectateurs, des tonnes de clichés qui deviennent risibles à la longue.
Absente des écrans depuis plus de cinq ans et son rôle taillé sur mesure dans Bon voyage de Jean-Paul Rappeneau, Isabelle Adjani s'accorde un retour fracassant, dans le mauvais sens du terme. Le visage bouffi suite à la course illusoire au maintien de sa beauté juvénile, l'actrice doit surtout se débattre contre un personnage au tissu psychologique des plus fragiles. Elle ne maîtrise jamais les sautes d'humeur et le grain de folie certain de cette professeur, dépassée par une situation intenable qu'elle a elle-même créée.
L'inconsistance du personnage central est hélas symptomatique de l'ensemble de l'intrigue de ce brûlot social aux prises de position douteuses. Un anti-Entre les murs par excellence, ce film s'emploie à exacerber les antagonismes et à promouvoir largement la haine et les fronts endurcis, face à un contexte social explosif. Même si les exagérations passagères du ton laissent espérer que Jean-Paul Lilienfeld avait envisagé initialement une approche satirique, l'exécution finale de cette histoire opportuniste ne fait plus du tout dans la finesse.
Et les tentatives de médiation des forces de l'ordre à l'extérieur, et les revirements hystériques à l'intérieur de la salle de théâtre s'inscrivent dans un schéma scénaristique bancal, qui ne permet pas la moindre montée de tension palpable. Là encore, ce film se positionne à l'antipode d'un idéal cinématographique en termes de prise d'otages, qu'avait accompli par exemple Un après-midi de chien de Sidney Lumet. Dans le cas présent, tous les personnages sont tellement occupés à correspondre aux clichés sociaux que le scénario leur a attribués sommairement, qu'ils ne deviennent à aucun moment les porte-parole crédibles de la situation actuelle préoccupante au sein de l'enseignement public.

Vu le 12 mai 2009, au Saint-Lazare Pasquier, Salle 2

Note de Tootpadu: