
Titre original: | Sicilienne (La) |
Réalisateur: | Marco Amenta |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 112 minutes |
Date: | 13 mai 2009 |
Note: | |
Inspiré des écrits, donc de la vie, de Rita Atria, et s’axant sur un petit village sicilien tiraillé entre corruption, drogues, meurtres, et viols, ce film nous montre d’un côté comment la Mafia cherche à assouvir sa soif d’argent et de pouvoir, de l’autre la force d’une adolescente capable de remuer Ciel et Terre pour mettre les assassins de son père et son frère derrière les barreaux.
Critique de Tootpadu
Dans la lutte contre la mafia, il ne peut pas y avoir de gagnant. Motivée d'abord par une obsession de vengeance, la jeune femme au coeur de ce premier film italien doit progressivement se rendre compte qu'elle ne tirera aucune satisfaction personnelle de cette affaire. Au fur et à mesure que les criminels sont incarcérés et que des policiers sont massacrés en guise de représailles, le vide se creuse de plus en plus profondément dans l'âme de Rita Mancuso. Sa frustration existentielle devient alors insoutenable, à l'opposé du ton très juste et sans pathos de ce film sur la mafia.
Le réalisateur Marco Amenta n'accomplit pas avec La Sicilienne une oeuvre aussi riche et enivrante que Gomorra de Matteo Garrone. Il arrive cependant à s'affranchir de l'écueil potentiel d'un énième film dans la tradition du Parrain de Francis Ford Coppola ou du feuilleton "La Mafia" avec Michele Placido, pour aboutir à un récit plus intimiste. Les doutes du jeune témoin à charge, amplifiés par son caractère de fille gâtée et impétueuse, ainsi que sa solitude grandissante, rendent le film infiniment plus poignant qu'une approche plus conventionnelle, qui se focaliserait sur le fonctionnement du crime organisé. Il n'est certainement pas facile d'aimer Rita, ce personnage têtu et fier, qui considère l'honneur familial plus important que l'application de la loi. Mais son imperfection est ce qui rend son combat aussi attachant, même si, ou plutôt précisément parce qu'elle n'est pas assez forte pour le mener à terme.
Cette boule de nerfs incontrôlable est interprétée avec une intensité impressionnante, et en fin de compte désarmante, par Veronica d'Agostino. Son jeu nerveux et imprévisible contraste parfaitement avec le calme et le réconfort paternel que distille l'interprétation de Gérard Jugnot, dans un contre-emploi assez réussi. Si Rita représente la force vitale instable du film, le juge en est en quelque sorte un point de référence et de certitude morale, sans pathos affecté.
En effet, la narration de Marco Amenta est particulièrement sobre et concentrée, avec notamment un emploi tout à fait maîtrisé de la voix off. Seules les différentes représentations de la mort sont traîtées avec une insistance ou une sinistre capacité de prémonition, qui font heureusement défaut au reste du film.
Vu le 15 avril 2009, à la Salle Pathé Lincoln, en VO
Note de Tootpadu: