OSS 117 Rio ne répond plus

OSS 117 Rio ne répond plus
Titre original:OSS 117 Rio ne répond plus
Réalisateur:Michel Hazanavicius
Sortie:Cinéma
Durée:101 minutes
Date:15 avril 2009
Note:
En 1967, Hubert Bonisseur de la Bath, l'agent secret OSS 117, est envoyé au Brésil pour récupérer un microfilm embarrassant, contenant les noms de collaborateurs français avec l'occupant nazi. L'objet compromettant est actuellement en la possession de Von Zimmel, un ancien nazi réfugié en Amérique latine, qui y organise des combats de catch. Mais les services secrets français ne sont pas les seuls à s'intéresser à Von Zimmel, puisque le Mossad israélien offre sa collaboration à travers la ravissante Dolores. Sous de telles conditions, OSS 117 ne se laisse pas prier deux fois, et met tout son savoir-faire et son charme typiquement français au service de cette mission dangereuse.

Critique de Tootpadu

Plus benêt que jamais, Hubert Bonisseur de la Bath reprend du service sous les traits de Jean Dujardin, trois ans après ses premières aventures amusantes dans OSS 117 Le Caire Nid d'espions. L'esprit rétro y est toujours de mise, avec l'écran découpé dans tous les sens et un état d'esprit qui reflète sans doute trop bien l'époque de l'immédiat avant-mai-68. L'essentiel de l'humour de cette comédie assez plaisante découle même de la conception bornée du monde selon OSS 117, que l'agent maladroit et arrogant se plaît à professer à tout bout de champ.
La question théorique que soulève alors OSS 117 Rio ne répond plus est de savoir, s'il est permis de rire de choses hautement mal placées, qui témoignent d'un esprit discriminatoire, à condition qu'elles soient les propos d'un personnage à la fois idéalisé et raillé ? Pour interroger ce raisonnement scénaristique en d'autres termes : est-ce l'ignorance d'OSS 117 et son allure de macho crétin qui font s'esclaffer la salle ? Ou au contraire, les énormités qu'il profère sans cesse donnent-elles l'occasion de rire d'un humour de bas étage, qui n'est plus considéré comme fréquentable ou politiquement correct depuis des décennies, voire plus précisément depuis l'époque charnière où se déroule l'action du film ? Cette mise en abîme du rire rend le ton du film plutôt douteux, sinon suspect. Difficile en effet de s'imaginer que Michel Hazanavicius et consorts fassent volontairement l'apologie du racisme, du sexisme et de l'antisémitisme dans lesquels leur protagoniste se complaît abondamment. Toutefois, donner aux manifestations outrancières de la discrimination sous pratiquement toutes ses formes un tel moyen d'expression à peine régulé ou réprimé, c'est un façon de jouer avec le feu qui nous laisse pour le moins perplexes !
Sinon, la mise en scène de Michel Hazanavicius s'amuse un peu trop et pas toujours avec une utilité précise à découper l'écran en mille facettes. Mais au moins ce gadget formel, qui n'était pas toujours employé aussi gratuitement dans les années 1960, comme dans L'Etrangleur de Boston de Richard Fleischer, par exemple, lui évite temporairement de s'attaquer aux références plus sérieuses. Ce qu'il ne manque hélas pas de faire à la fin, où William Shakespeare ("Le Marchand de Venise") est aussi risiblement sollicité qu'une panoplie de films d'Alfred Hitchcock (Cinquième colonne, La Mort aux trousses, Sueurs froides).

Vu le 25 mars 2009, à l'Elysées Biarritz

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

C'est avec grand plaisir que nous retrouvons ce fameux espion français Hubert Noel Bonisseur de la Bath, plus connu sous le nom de OSS 117, dans une nouvelle aventure. Le personnage est resté égal à lui-même, c'est-à-dire totalement naïf, inculte, raciste, et antisémite, sans réellement s'en rendre compte. Toute la force de cette comédie vient du fait que ce personnage semble être le seul totalement en dehors de son époque, par les pensées qui font de lui un être à part.

Ainsi, nous suivons ses aventures hilarantes pendant une heure trente sans réellement de temps mort. Les scènes et phrases cultes se suivent les unes après les autres et font de ce film la meilleure comédie française de ce début d'année. A cela rajouter que l'on sent que le réalisateur, et scénariste Michel Hazanavicius est en parfaite osmose avec son acteur principal Jean Dujardin. Ce film est purement jubilatoire puisqu'il ose se moquer avec un talent certain de sujets graves.

Certes, certains critiques vont prendre les messages véhiculés par ce film au premier degré et donc ne pas se rendre compte de l'ironie de certains dialogues. De même, il faut bien reconnaître que Louise Monot n'a pas la prestance et la présence de la sublime Bérénice Béjo.

Face à l'hégémonie cinématographique américaine, il est très intéressant de voir que le cinéma français est capable d'oser où le cinéma américain des majors semble cantonner à vouloir plaire au plus grand nombre et donc de choquer aucun spectateur. Non seulement, des acteurs comme Jean Dujardin et Vincent Cassel montrent que le cinéma français a également de grands acteurs capables de se dépenser sans compter dans leur choix cinématographiques, mais surtout que ceux-ci sont capables d'alterner petits films et grandes oeuvres.

Reste que ce film est un film à voir en salle absolument pour partager avec le public des rires complices.

Vu le 18 avril 2009, au Gaumont Disney Village, Salle 1

Note de Mulder: