
Titre original: | Secret défense |
Réalisateur: | Philippe Haim |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 101 minutes |
Date: | 10 décembre 2008 |
Note: | |
Alors qu'une menace terroriste se concrétise sur la France, Diane, étudiante en langues orientales qui a financé sa formation en se prostituant, est recrutée par la Direction Générale de la Sécurité Extérieure. Son chef Alex et son équipe sont en train de remonter une filière en Syrie et au Liban, à la tête de laquelle se trouve Al Barad, un trafiquant sans scrupules. En même temps, Pierre, un petit dealer qui s'est fait pincer, s'engage en prison auprès d'un réseau de fanatiques islamistes.
Critique de Tootpadu
Ce film d'espionnage français aurait pu former un diptyque complémentaire avec son pendant américain Mensonges d'état de Ridley Scott. La mise en scène coup de poing et la guerre sans merci des deux côtés de l'échiquier idéologique rapprochent effectivement les deux films. Mais c'est justement sur le terrain miné des alliances idéologiques que Secret défense se montre moins habile. Au lieu d'interroger les idées reçues sur l'implication des intégristes musulmans dans la guerre contre le terrorisme, le scénario se complaît plutôt à colporter des préjugés sommaires. La contribution d'une longue liste de consultants ne l'empêche pas, en effet, de se laisser guider par une structure dramatique de plus en plus tendancieuse.
Tandis que l'introduction élaborée présage encore un certain suspense, ce qui suit est déjà moins convaincant. Surtout l'intrigue parallèle du jeune converti, qui suit un peu trop docilement le parcours type du paumé qui se transforme en kamikaze aveuglé, discrédite un récit, dont l'ambition est avant tout d'allier le réalisme du travail sur le terrain et derrière les coulisses du pouvoir au drame humain de destins fictifs broyés par une guerre impitoyable. Philippe Haïm cherche peut-être trop à satisfaire tous les publics - les amateurs d'intrigues haletantes à la James Bond, tout comme les experts en relations politiques internationales -, au point de finir avec un film pas sans intérêt, certes, mais qui ne prend pas vraiment le temps d'approfondir les enjeux et les bifurcations inextricables du sujet auquel il s'attaque.
A l'opposé de l'autre grand film d'espionnage de cette fin d'automne - et non, nous ne parlons pas du Bond, qui évolue dans son propre univers, coupé complètement de la réalité -, Secret défense ne permet pas totalement de jeter un coup d'oeil révélateur sur le monde des agents secrets, aussi peu rassurant que celui des fanatiques de tous bords. Peut-être, cette lacune est-elle due à l'absence de gadgets techniques sophistiqués, auxquels se substitue ici un peu maladroitement l'intuition féminine et la chance ou la malchance la plus banale ? A moins que la différence ne provienne d'une origine encore plus enfouie : de la tradition du cinéma français de dépeindre toujours ses espions au service de la patrie comme des individus brisés et animés plus par une nécessité désabusée que par un idéalisme humaniste.
Vu le 6 novembre 2008, à la Salle UGC
Note de Tootpadu:
Critique de Mulder
Mis à part Les Patriotes (1994), film nous montrant les entrailles du monde de l'espionnage et du terrorisme, rares sont les films français traitant du même sujet de manière aussi crédible et formelle que Secret défense. Nous sommes ainsi loin des pitreries d'un Jean Dujardin dans OSS 117 Le Caire Nid d'espions. Interprété avec panache par Gérard Lanvin et Nicolas Duvauchelle, ce film nous permet aussi de (re)découvrir une grande actrice française en la personne de Vahina Giocante. Du début à la fin de ce thriller très réussi, elle captive toute notre attention et montre une réelle puissance d'actrice. Je lui souhaite par conséquent une grande destinée internationale !
Ce bon film d'action est non seulement intelligent par son approche mais sait aussi être très divertissant, au point de vous attacher dans votre siège pendant cent minutes. Ce film est donc une excellente surprise, qui parvient, grâce à un travail fouillé, méticuleux et documenté, à transcender son histoire. Le cinéaste a un réel sens du rythme, son tournage caméra à l'épaule est parfaite et sa direction d'acteurs éblouissante.
Ce film montre bien, après l'excellent thriller Pour elle, que le cinéma hexagonal sait se remettre en question, et qu'il sait prendre exemple sur le cinéma anglo-saxon pour le concurrencer sur son propre terrain. Philippe Haïm devrait sans doute voir son film prochainement faire l'objet d'un remake bourrin américain et travailler aux Etats-Unis, où il pourra réaliser de très bons thrillers avec des budgets conséquents, voire des films d'action.
En espérant revoir bientôt la révélation Vahina Giocante sur nos grands écrans !
Vu le 12 décembre 2008, au Gaumont Disney Village, Salle 4
Note de Mulder: