
Titre original: | Blindness |
Réalisateur: | Fernando Meirelles |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 121 minutes |
Date: | 08 octobre 2008 |
Note: | |
Alors qu'il attend dans sa voiture que le feu passe au vert, un homme perd subitement la vue. Le même sort s'abat sur toutes les personnes avec lesquelles il est en contact dans les heures qui suivent : l'homme qui le ramène chez lui et qui vole sa voiture, sa femme, l'ophtalmologiste qu'il consulte, les autres patients du médecin, etc. Par mesure de précaution, toutes les victimes de cette épidémie mystérieuse sont mises en quarantaine. La femme du médecin, qui ne veut pas abandonner son mari infirme, se fait passer pour aveugle, afin de pouvoir l'accompagner dans le camp d'internement. Elle y assiste avec horreur à la lente dégradation des moeurs.
Critique de Tootpadu
Présenté en compétition et en tant que film d'ouverture au dernier festival de Cannes, où il avait rencontré un accueil très froid, ce nouveau film de Fernando Meirelles (La Cité de Dieu) met à nu l'équilibre fragile de toute civilisation. Confrontés à une situation pas loin d'être catastrophique, qui met surtout en question leurs acquis les plus essentiels, les personnages ne résistent pas longtemps à une dérive hygiénique, qui s'attaque ensuite aux valeurs morales. Cette adaptation d'un roman de José Saramago ne se fait guère d'illusions sur la précarité de la vie pacifique en communauté, même si elle ne se donne pas forcément les moyens d'aller jusqu'au bout de ses aspirations nihilistes.
En dépit de son cachet littéraire, Blindness n'est en fin de compte pas plus qu'un énième conte apocalyptique, comme le cinéma hollywoodien nous en propose régulièrement depuis un certain temps. Ces épopées sur la destruction de l'humanité ont en quelque sorte pris la relève de la frénésie de la fin du monde des films des dernières années du millénaire passé. Apparenté aux The Mist de Frank Darabont et Je suis une légende de Francis Lawrence, ainsi qu'à 28 jours plus tard de Danny Boyle ou encore Invasion de Oliver Hirschbiegel, ce film-ci suit sans broncher la trajectoire scénaristique, tracée d'une manière ou d'une autre par ses prédécesseurs dans le genre. Cette fidélité va jusqu'à un attachement un peu trop sage envers une structure en trois actes, qui désamorce le constat social amer de la partie centrale avec un peu trop de nonchalance, au cours d'une conclusion empreinte d'une lueur d'espoir qui sonne faux.
Cependant, la lacune principale du film est son incapacité, surtout du point de vue de la mise en scène, de tirer profit de la cécité quasiment générale des personnages. Très inégal dans son traitement stylistique de ce handicap, qui touche le cinéma, l'art visuel par excellence, droit au coeur, Fernando Meirelles patauge désagréablement dans des choix esthétiques point assumés. Au lieu d'innover dans la perturbation de la perception visuelle des spectateurs, rendue a priori possible, voire impérative, par le décalage entre le seul personnage voyant et un monde d'aveugles qui sombre dans le chaos et la décadence, la réalisation bredouille sans grande conviction entre quelques champs bouchés ou décadrés et des passages au blanc arbitraires.
Vu le 3 septembre 2008, à la Salle Pathé Lamennais, en VO
Note de Tootpadu: