
Titre original: | Invasion |
Réalisateur: | Oliver Hirschbiegel |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 99 minutes |
Date: | 17 octobre 2007 |
Note: | |
La navette spatiale Patriot est détruite lors d'un retour d'urgence sur Terre. Ses débris son répandus à travers une large moitié est des Etats-Unis. Alors que les autorités fédérales commencent à prendre les choses en main, d'étranges incidents surviennent. Dans ce climat d'une probable épidémie, la psychiatre Carol Bennell n'est guère ravie de laisser son fils Oliver à Tucker Kaufman, son ex-mari et haut responsable des services sanitaires, qu'elle n'a pas vu depuis quatre ans. De jour en jour, les événements inquiétants se multiplient. Des hommes et des femmes paraissent vidés de toute émotion et ne sont plus reconnus par leurs proches. Carol découvre avec l'aide de ses amis médecins Ben Driscoll et Stephen Galeano qu'un virus extra-terrestre ultra-résistant est en train de se propager. Son seul but est alors de retrouver Oliver et de le protéger de cette menace mortelle.
Critique de Tootpadu
Le cycle des remakes va en s'accélérant avec l'histoire de Jack Finney, "The Body Snatchers", qui vit ici sa troisième réincarnation, après l'original de Don Siegel, et les refontes de Philip Kaufman et Abel Ferrara. Chacun de ces films est avant tout un témoin précieux sur l'époque de sa production, bien plus qu'un sommet artistique dans l'oeuvre du réalisateur respectif. L'histoire de l'usurpation d'identité par une force étrangère virale se prête en effet à des commentaires sur l'état d'esprit ambiant, qui dépassent le simple cadre d'un film de genre.
Dans le cas présent, ce potentiel social est mis au profit de la promotion d'une humanité apaisée par l'invasion, au moment où le conflit en Irak dégénère et que seul le malheur des autres paraît encore intéresser les médias. Par ailleurs, le rôle peu glorieux de ces derniers dans la transmission d'informations au sein des Etats-Unis est mis en avant à plusieurs reprises. Tout comme une critique loin d'être violente de la politique étrangère américaine (les observations de l'ambassadeur russe), ces liens directs avec le monde qui nous entoure en cette deuxième moitié des années 2000 fournissent néanmoins un fond engagé un peu artificiel à l'intrigue, hélas trop inégale pour convaincre.
Invasion a en effet connu une histoire de production mouvementée, avec un deuxième réalisateur, James McTeigue, invité à conformer le film davantage aux attentes du producteur Joel Silver que la version concoctée par Oliver Hirschbiegel. Le résultat final de ce métissage formel involontaire comporte autant d'instants haletants que de trous scénaristiques béants et de changements de rythme inopinés. Alors que la mise en place de la tension n'a pas grand-chose à envier aux trois prédécesseurs, la partie qui couvre la fuite des personnes infectées regorge d'incohérences énervantes. Longtemps avant la découverte d'un remède miracle et d'un épilogue qui insiste lourdement sur les implications du message du film, celui-ci est déjà parti en vrille.
Que ce soit la narration en flashs mentaux ou l'obstination hystérique du personnage principal, les défauts ne manquent pas, dès que la menace ne devient plus qu'un prétexte quelconque pour des course poursuites arbitraires. De rares moments d'intensité sont alors vite supplantés par des cascades involontairement hilarantes et des scènes d'action sans tête ni pied. Dans un tel désordre narratif, ni les yeux sans vie de Daniel Craig, ni les traits de Nicole Kidman qui ressemble plus que jamais à une poupée, ne peuvent subsister.
La catastrophe est évitée, grâce à une première moitié plutôt réussie. Toutefois, faute d'avoir vu la version de Kaufman, nous classerions celle-ci en bas de la liste des films sur les "profanateurs de sépulture".
Vu le 15 octobre 2007, à la Salle Warner, en VO
Note de Tootpadu: