Rêve de Cassandre (Le)

Rêve de Cassandre (Le)
Titre original:Rêve de Cassandre (Le)
Réalisateur:Woody Allen
Sortie:Cinéma
Durée:108 minutes
Date:31 octobre 2007
Note:
Les frères Blaine ne roulent pas sur l'or. Alors que Terry dépense la majorité de son salaire comme garagiste pour sa passion du jeu, Ian met un peu d'argent de côté pour enfin voler de ses propres ailes et échanger l'univers modeste du restaurant de son père contre les hôtels de luxe de Californie. Le passage à Londres de leur riche oncle Howard tombe par conséquent très bien pour renflouer les caisses. Sauf que leur bienfaiteur familial leur demande pour une fois quelque chose de compromettant en contrepartie.

Critique de Tootpadu

Au début, seuls les titres sur fond noir ressemblent vraiment à un film typique de Woody Allen, dans cette troisième production britannique du réalisateur de New York. Pour la première fois, Allen a fait appel à un compositeur pour souligner musicalement son film. Et le milieu pratiquement prolétaire dans lequel évolue l'intrigue n'a plus grand-chose en commun avec les cercles intellectuels d'outre-Atlantique que fréquentaient auparavant les personnages névrosés du réalisateur. D'ailleurs, pendant le premier tier du film, toutes les préoccupations ne tournent qu'autour de l'argent, bien plus encore qu'autour d'éventuels coups de foudre sentimentaux, à peine plus prononcés par la suite.
Même si le décor a sensiblement changé, les thèmes moraux chers à l'auteur arrivent sans peine à se frayer leur chemin au fur et à mesure de la progression de l'intrigue. On pourrait même considérer ce film comme une variation de l'aspect criminel de Match Point, dans la mesure où tous les moyens sont bons dans les deux films pour monter sur l'échelle sociale. Que la fascination pour l'argent facile, mais moralement pervertissant, se termine tragiquement peut alors être considéré comme un constat fidèle au pessimisme qu'Allen a plutôt l'habitude d'adoucir par un peu d'humour absurde et rempli d'auto-dérision. Rien de tel ici cependant, dans un film sombre qui explore sans subterfuges la descente aux enfers de deux frères ordinaires, happés par la force corruptrice de l'argent et du crime.
Au bout de bientôt quarante films, Woody Allen n'a plus rien à prouver en termes esthétiques. Sa mise en scène est par conséquent très sobre et ne se laisse guère emballer par la déchéance croissante de ses protagonistes. Le seul bémol de ce côté-là est son choix du compositeur pour la première partition originale dans un de ses films. Philip Glass recycle en effet depuis des années des thèmes quasiment identiques de film en film, ce qui rend sa contribution à celui-ci particulièrement agaçante. En dépit de faux espoirs éveillés par les toutes premières mesures, le reste est égale à la musique importune pour laquelle Glass accumule une réputation peu enviable.
Enfin, les interprétations sont plutôt à la hauteur de cette histoire d'une perte de repères irréversible. Surtout Colin Farrell intrigue dans un rôle dont le caractère enfantin et instable s'oppose agréablement à ses emplois plus arrogants et transparents dans la plupart de ses films précédents.

Vu le 2 octobre 2007, au Club de l'Etoile, en VO

Note de Tootpadu: