Ce vieux rêve qui bouge

Ce vieux rêve qui bouge
Titre original:Ce vieux rêve qui bouge
Réalisateur:Alain Guiraudie
Sortie:Cinéma
Durée:50 minutes
Date:28 novembre 2001
Note:
Jacques est engagé dans une usine en province, sur le point de fermer, pour y démonter une machine. Alors que le jeune homme s'affaire, la poignée d'ouvriers qui restent, attend avec une certaine appréhension le chômage assuré la semaine suivante. Donand, le responsable de l'usine, le temps de la fermer définitivement, éprouve de la sympathie pour Jacques, qui, lui, ressent une attirance plus sensuelle pour le cadre.

Critique de Tootpadu

De la sensibilité gaie sans militantisme, un oeil remarquable pour la beauté plastique de vieilles bâtisses industrielles abandonnées et une prise en compte de la misère sociale avec la sagesse et le naturel du sud : ce sont là les qualités exceptionnelles du deuxième moyen-métrage d'Alain Guiraudie, dont on n'entend malheureusement plus trop parler depuis son deuxième long (Voici venu le temps), sensiblement moins convaincant. L'accomplissement du réalisateur, d'évoquer un univers et une intrigue minimaliste avec une telle force esthétique et en si peu de temps, est d'autant plus notable qu'un de ses premiers courts-métrages, Tout droit jusqu'au matin, qui est toujours greffé sur la copie de ce film-ci, est loin d'être prometteur.
Les sujets que Guiraudie évoque ne sont pas sans gravité : le chômage de la classe ouvrière du côté public, la souffrance des sentiments sans retour du côté privé. Mais dans ce climat de désoeuvrement aggravé, le naturel avec lequel les personnages acceptent leur condition de travailleur mis à l'écart ou d'amoureux éconduit la rend à la fois très belle et plus soutenable. Guiraudie sait que pour ne pas faire de son film un pamphlet enragé et polarisant, il ne faut pas forcer le trait. Par conséquent, il organise son récit avec un air détendu, comme si de rien n'était, qui fait justement mieux ressortir son humanité et sa banalité très belles.
Enfin, la structure temporelle du film est à l'image de son ton, apparemment en pleine nonchalance, mais profondément consciente des enjeux. Ainsi, le plan récurrent de Donand qui se rend au travail le matin suffit pour indiquer le passage des jours, tout en laissant aux ellipses narratives le soin de supposer ce qui se passe, ou pas, en dehors de l'usine.

Revu le 24 mai 2008, au MK2 Hautefeuille, Salle 2

Note de Tootpadu: