Voici venu le temps

Voici venu le temps
Titre original:Voici venu le temps
Réalisateur:Alain Guiraudie
Sortie:Cinéma
Durée:92 minutes
Date:13 juillet 2005
Note:
Dans le pays d'Obitanie, le guerrier de recherche Fogo Lompla a à peine rapporté le butin d'un braquage à son amant, un directeur de banque, qu'il est engagé pour retrouver la fille d'un aristocrate, enlevée par le redoutable Manjas-Kébir. Mais lorsque cet enlèvement devient le prétexte pour une chasse nationale aux bandits, Fogo s'associe avec Radovan Rémila Stoï, le plus grand guerrier, pour aider Manjas-Kébir à quitter le pays. Simultanément, d'anciens amis de Fogo mènent une lutte armée pour libérer les paysans oppressés; un combat noble qui est pourtant entaché par la participation du sanguinaire Urbanos.

Critique de Tootpadu

Le cinéma est un univers où, dans le meilleur des cas, tout devient possible selon la volonté du réalisateur ou du producteur d'un film. Ces mondes imaginaires, suspendus de toute véracité et authenticité historiques, peuvent donner naissance à des oeuvres enchanteresses, ou bien, ils peuvent dégénérer en des lubies personnelles, dont le spectateur est fatalement exclu. Avec son deuxième long-métrage, après le magnifique Pas de repos pour les braves et le pas moins curieux moyen-métrage Ce vieux rêve qui bouge, Alain Guiraudie s'engage dangereusement sur la pente de la seconde option.
Autant sa prédilection pour les paysages nocturnes, pour les créations de mots et son attachement à l'homosexualité gérontophile donnaient une fraîcheur à son oeuvre précédente, autant toutes ces particularités se transforment en manies ennuyeuses ici. Bavarde et privée d'une force motrice, cette histoire anachronique ne ressemble à rien, à rien de bon en tout cas. On sent parfois la volonté de tenter quelque chose de radicalement différent, une sorte de pot-pourri entre le Moyen âge, la lutte des classes, la vie champêtre et le désir des vieillards. Mais cet assemblage rempli de dissonances ne prend à aucun moment une forme intéressante ou stimulante. Là encore, tout le film peut se résumer à un moment clef : la femme d'un des vieillards dont le guerrier protagoniste est tombé amoureux caresse le sexe de ce dernier sans que cela ne lui fasse ni chaud, ni froid.
Espérons qu'Alain Guiraudie saura retrouver son inspiration et la poésie de ses débuts après cet écart mineur. Car la tentation est grande de s'enfermer dans un univers stérile, sans renouvellement, et de finir, comme tant d'autres réalisateurs prometteurs avant lui, dans l'indifférence absolue.

Vu le 19 juillet 2005, à l'Arlequin, Salle 1

Note de Tootpadu: