Muksin

Muksin
Titre original:Muksin
Réalisateur:Yasmin Ahmad
Sortie:Cinéma
Durée:98 minutes
Date:06 février 2008
Note:
Dans son petit village malais, la jeune Orked, dix ans, préfère passer ses journées à bouquiner, plutôt que de jouer à la mariée avec les filles de son âge. A l'approche des vacances d'été, elle remarque Muksin, un garçon de deux ans son aîné, qui est venu rendre visite à sa tante. Les deux enfants s'entendent immédiatement et, sous le regard bienveillant des parents extravagants d'Orked, passent tout l'été ensemble. Mais leur idylle, qui ressemble bien à un premier amour, n'est pas faite pour durer.

Critique de Tootpadu

Par les temps qui courent, il est malheureusement devenu très rare de voir des films, qui tiennent compte de la beauté de la vie en toute simplicité, sans arrière-pensée morbide, cynique ou ironique. La perle rare, qui prône cette harmonie paisible à travers le regard tendre sur une enfance à la fois ordinaire et profondément personnelle, elle nous vient de très loin : de la Malaisie, un petit pays dont la cinématographie nationale est pratiquement inconnue en France.
Espérons que cela change, grâce à ce récit d'enfance très touchant, qui allie une innocence enfantine, une forme narrative poétique et une mélancolie existentielle, peut-être trop détournée dans les derniers plans du film, un hommage festif de la réalisatrice à ses parents et à son équipe de tournage. Le ton de ce quatrième film de Yasmin Ahmad n'est pas exempt de variations un peu abruptes. Mais son calme, ainsi que la capacité de créer des émotions fortes à partir d'éléments très banals, lui confèrent une beauté et une douceur, auxquelles il est impossible de résister à la longue.
Alors certes, on pourrait considérer Orked comme un enfant gâté et Muksin comme un garçon trop solitaire et sensible, mais ce serait ignorer, faute d'un terme plus adéquat, l'amour que la réalisatrice leur porte et qu'elle nous communique à travers des moments magiques. Cette magie n'est que très partiellement le produit du faire-semblant, dans la mesure où elle repose sur une bonté quasiment universelle de la part de la majorité des personnages. Mais elle se dégage surtout de moments dont l'innocence fend le coeur, et qui prennent toute leur importance, lorsque le bonheur d'un été s'envole aussi vite qu'il est arrivé.
Depuis le magnifique Du silence et des ombres, nous n'avons pas ressenti une si douce nostalgie de l'enfance, de cet âge où tout paraît encore possible, bien que l'adversité soit déjà bien présente dans la vie quotidienne.

Vu le 30 janvier 2008, au Club Marbeuf, en VO

Note de Tootpadu: