Sweeney Todd - Le diabolique barbier de Fleet Street

Sweeney Todd - Le diabolique barbier de Fleet Street
Titre original:Sweeney Todd - Le diabolique barbier de Fleet Street
Réalisateur:Tim Burton
Sortie:Cinéma
Durée:116 minutes
Date:23 janvier 2008
Note:
Dans sa jeunesse, le barbier Benjamin Barker était heureux et naïf. Marié à une femme très belle et père d'une petite fille adorable, il pensait que rien de mal ne pouvait lui arriver. Mais l'influent juge Turpin convoitait également la femme de Barker, et le fit mettre en prison sous de faux prétextes, afin d'avoir la voie libre. Quinze ans plus tard, échappé d'une colonie de travaux forcés, Barker revient à Londres pour se venger. Il prend le nom de Sweeney Todd et exerce ses lames tranchantes sur la gorge de ses clients, dans l'attente de son ennemi juré Turpin et l'assistant de celui-ci, le Bailli Bamford.

Critique de Tootpadu

Cette adaptation de la célèbre comédie musicale de Stephen Sondheim constitue un nouveau départ dans la longue collaboration entre Tim Burton et Johnny Depp, tout en s'inscrivant dans la continuité de leur travail commun. Leur sixième film ensemble s'aventure en effet dans un genre un peu désuet, qui peine toujours à retrouver pleinement les faveurs du public. Mais le traitement que lui réserve ce tandem éprouvé s'avère entièrement fidèle aux exigences stylistiques que nous sommes désormais en droit d'attendre de ces artistes accomplis.
L'aspect visuel du film est en effet des plus impressionnants. Clairement inspirée de l'esthétique du cinéma muet, avec des noirs profonds et une palette de couleurs exclusivement ravivée par des flots d'hémoglobine au rouge écarlate, la photo de Dariusz Wolski campe immédiatement un décor lugubre et désespérant. Les rares excès d'effets spéciaux, comme les gouttes de pluie rouge du générique ou la course effrénée à travers les rues jusqu'à l'enseigne de Mme Lovett - une référence un peu déplacée à la caméra débridée du Moulin Rouge ! de Baz Luhrmann -, y dénotent forcément. Car cette incursion de Tim Burton dans la comédie musicale ne dégage pas la même frénésie, folle et hautement passionnante, de la romance entre Nicole Kidman et Ewan McGregor. Son ton et son sujet ne s'y prêtent pas, tellement ils se morfondent dans une obsession macabre et cynique.
Le côté sombre, justement, est omniprésent dans le récit et l'élève vers une pureté fanatique tout à fait surprenante. Le scénario de John Logan ne se plie en effet nullement aux exigences de respectabilité d'une grosse production américaine. Il permet au personnage principal de sombrer pleinement dans sa folie sanguinaire, au point de nous épargner une conclusion faussement rassurante. Le destin de Benjamin Barker est une tragédie traditionnelle, qui déplore l'aveuglement et la fourberie de ses participants, sans se faire d'illusions sur une issue heureuse fortement improbable. De nous la faire vivre avec un souffle dramatique qui va inlassablement crescendo, c'est là le mérite principal de la mise en scène de Tim Burton.
Enfin, Johnny Depp n'est peut-être pas un chanteur-né. Mais son interprétation de cet homme tourmenté poursuit son étude plutôt fascinante de personnages mal adaptés au monde qui les entoure, commencée dans Neverland.

Vu le 8 janvier 2008, à la Salle Warner, en VO

Note de Tootpadu: