Neverland

Neverland
Titre original:Neverland
Réalisateur:Marc Forster
Sortie:Cinéma
Durée:101 minutes
Date:23 février 2005
Note:
Londres, début du XXe siècle. L'écrivain James M. Barrie est en quête d'un nouvel élan, dans sa vie comme dans son oeuvre : son mariage avec la comédienne Mary Ansell est dans l'impasse, et le public londonien boude sa dernière pièce. C'est en arpentant les allées de Kensington Gardens qu'il rencontre Mme Llewelyn Davies et ses quatre jeunes fils. Une complicité immédiate se noue entre l'écrivain et les enfants sous l'oeil ravi de leur mère, jeune veuve désemparée qui trouve en lui un véritable ami. Son intimité avec la famille Llewelyn Davies grandissant chaque jour davantage, James M. Barrie retrouve son âme d'enfant auprès de ceux qui sont désormais sa plus précieuse source d'inspiration. Il tisse avec eux la trame fantastique, visionnaire et subtilement mélancolique de Peter Pan.
(Source Allociné)

Critique de Tootpadu

L'imagination est une faculté délicate et éphémère qu'il est d'autant plus difficile de stimuler au cinéma, que cet art montre et désigne, agence et explique avec plus de détermination que la littérature, par exemple. Ainsi, la lecture d'un livre donne un nombre de formes aussi infini qu'il existe des lecteurs potentiels. La vision d'un film est en comparaison beaucoup plus concrète, et plus figée à travers la mise en images préalable du réalisateur. L'évocation de l'imagination au cinéma est par conséquent une entreprise périlleuse, à laquelle ce drame d'époque a d'ailleurs failli misérablement.
L'univers si particulier du créateur de Peter Pan se trouve en effet engoncé dans un cadre bien trop étroit de conventions sociales et maladies dramatiques. Telle qu'elle nous est contée ici, l'histoire d'un artiste qui ne trouve l'inspiration qu'auprès d'une autre femme et d'un monde plus innocent que le sien, paraît excessivement conventionnelle et ennuyeuse. C'est surtout l'incapacité de la mise en scène de lui conférer ne serait-ce qu'un semblant de vie qui rend tout le film insatisfaisant. Entre le garçon traumatisé par la mort de son père, la mère qui refuse d'accepter sa maladie, et l'épouse qui n'arrive pas à suivre son mari dans son pays des rêves, nul centre de gravité n'est établi pour donner au film un point de départ ou un propos cohérent. Ce qui nous laisse avec une oeuvre très paresseuse et sans inspiration, un téléfilm de luxe en quelque sorte.
Il existe néanmoins un aspect presque réussi dans toute cette médiocrité, à savoir l'interprétation de Johnny Depp. Plus beau que jamais, ce comédien qui semble un peu trop attiré dernièrement par des productions commerciales (après le blockbuster des Pirates, celle-ci s'apparente davantage, en termes de qualité et d'envergure, à Chocolat), s'essaie ici à un rôle à la complexité exagéré pour les ambitions modestes du film. Avec un accent anglais épais, artificiel et tout de même séduisant, Depp nous laisse entrevoir à de rares occasions ce que le film aurait pu devenir avec une mise en scène moins bancale.

Vu le 23 février 2005, à l'UGC Ciné Cité Les Halles, Salle 1, en VO

Note de Tootpadu: