
Titre original: | Smiley Face |
Réalisateur: | Gregg Araki |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 84 minutes |
Date: | 16 janvier 2008 |
Note: | |
Il est à peine neuf heures du matin et Jane F., une actrice qui n'aspire qu'à fumer de l'herbe et à profiter de son lit douillet, est déjà dans le colletard. Après une petite fumette, elle se sent prête à affronter sa journée, au cours de laquelle elle a une audition et le paiement urgent de sa facture d'électricité de prévus. Mais les petits gâteaux sucrés, que son co-locataire inquiétant a préparé pour un festival ringard de films de science-fiction, lui font de l'oeil. Alors, elle les engloutit tous, pour se rendre compte, trop tard, qu'ils contenaient une dose non négligeable de cannabis. Le programme journalier de Jane s'allonge du coup considérablement, puisqu'elle devra non seulement remplacer ces gateaux traîtres, mais en plus accomplir ses autres tâches dans un état de défonce aggravé.
Critique de Tootpadu
Tout un film sur une fille à côté de ses pompes, dans un état de conscience second à cause d'une consommation excessive de drogues, pourquoi pas ? Il serait facile de critiquer la banalisation de ces pratiques illégales, mais au fond, ce genre de film s'adresse avant tout aux personnes qui partagent cette même condition planante. D'ailleurs, la vision de ce nouveau film de Gregg Araki serait sans doute plus plaisante et dérisoire, si elle s'effectuait dans un état d'intoxication proche de celui du personnage principal léthargique. Hélas, ou peut-être tant mieux, les joints n'étaient pas fournis avec le dossier de presse, et nous avons dû voir cette comédie par conséquent dans un état de sobriété, qui dément essentiellement le ton délirant qu'anime le film.
Cependant, le délire selon Gregg Araki nous paraît toujours un peu trop léger et inconsistant pour réellement nous enthousiasmer. A l'exception de son magnifique Mysterious Skin, infiniment plus grave que le reste de son oeuvre, ce réalisateur se permet des incursions dans le mauvais goût et les cultures alternatives, mais son dispositif formel excessivement enjoué en atténue systématiquement la portée. Dans le cas présent, les parenthèses, les retours en arrière condensés et les commentaires écrits détournent trop souvent l'attention d'une intrigue, dont le caractère débridé se trouve en quelque sorte engoncé par cette surcharge stylistique. Ce feu d'artifice passablement pétillant d'effets pas vraiment ingénieux enracine le film dans le terrain plaisant, mais guère transcendant, de la comédie de moeurs gentillette.
Le parcours de cette pauvre fille déboussolée à travers un monde qu'elle redécouvre sous l'emprise de la drogue (l'épisode du trajet horrifique en bus) n'atteint pas les profondeurs du délire perturbant à la Terry Gilliam (Las Vegas Parano). Et il ne prend pas non plus de position claire par rapport à la consommation de drogues. Certes, sa fin digne d'un conte édifiant ne laisse point Jane sortir indemne socialement de sa journée d'irresponsabilité accrue. Mais les petits pièges narratifs et le ton général sans gravité aucune laissent plutôt indifférent face à un sujet au potentiel comique ou dramatique clairement plus complexe.
Vu le 11 décembre 2007, au Planet Hollywood Champs-Elysées, en VO
Note de Tootpadu: