Mysterious Skin

Mysterious Skin
Titre original:Mysterious Skin
Réalisateur:Gregg Araki
Sortie:Cinéma
Durée:101 minutes
Date:30 mars 2005
Note:
Deux jeunes garçons se font sexuellement abuser par leur entraîneur de baseball. Alors que le premier, Neil McCormick, en éprouve un certain plaisir et une affirmation précoce de son homosexualité, le deuxième, Brian Lackey, est tellement traumatisé par cet acte pédophile qu'il en perd tout souvenir concret. Dix ans plus tard, Neil est devenu une sorte de prostitué masculine, qui gagne sa vie en offrant ses services aux hommes frustrés de sa petite ville provinciale. Brian, toujours perturbé par cette zone vide dans ses souvenirs d'enfance, croit avoir trouvé la solution grâce à une jeune femme qui est persuadé d'avoir été enlevée à plusieurs reprises par des extra-terrestres. C'est elle qui l'encouragera d'aller à la recherche de Neil, qui semble étrangement lié à ce trauma mystérieux.

Critique de Mulder

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Critique de Tootpadu

Dur, dur, le regard que le réalisateur Gregg Araki porte sur une jeunesse abusée, et par conséquent désabusée. Derrière les effets de stylisation, dès le premier plan magnifique du jeune Neil sous une pluie de céréales, et un ton peut-être trop disparate, entre la débauche sexuelle d'un côté, et l'ignorance maladive de l'autre, pour permettre un quelconque jugement moral, il se cache en fait un malaise profond qui rend la vision aussi éprouvante que révélatrice. Ce n'est pas depuis le tout aussi excellent Happiness de Todd Solonz que le thème épineux de la pédophilie a été traité avec si peu de préjugés et de préconçus.
Prenant entièrement partie pour les victimes de ces actes condamnables, le film s'emploie à explorer deux réactions possibles, chacune à sa façon extrême. Si la consommation sexuelle accrue et intéressée de Neil dresse un portrait à la fois sans concession et curieusement idéalisée, jusqu'à le voir déchanter péniblement vers la fin, d'une certaine adolescence homosexuelle, nous lui préférons de loin le personnage secondaire d'Eric, pédé lui aussi, et pratiquement le seul à ne pas subir ou se laisser abattre par le disfonctionnement de la vie sociale. Enfin, la partie parallèle autour de Brian ne peut que pâlir en comparaison avec les exploits intenses de son ancien compagnon de jeux d'enfants interdits. Sa recherche dans le domaine des expériences surnaturelles traduit alors une autre forme de réaction hystérique, mais il lui manque la frénésie désespérée du parcours de Neil. A la place, son attitude un peu maladroite inspire davantage de la pitié et, là encore, une autre forme de mal-être.
Pas tellement explicite dans ce qu'il montre à l'image, ce drame positivement choquant déduit son impact émotionnel important de ce qu'il suggère. Vous ne verrez donc pratiquement pas d'actes sexuels à l'image, mais le pouvoir de suggestion des éléments qui y mènent en devient d'autant plus inévitable. On ne peut alors qu'apprécier, voire applaudir, la sensibilité d'Araki qui ne se dresse jamais en juge moral, mais qui laisse ses personnages à fleur de peau trouver par eux-mêmes leur voie dans ce monde qui les a brisés à un si jeune âge.
A signaler qu'il s'agit ici d'un des premiers films, distribués dans un nombre conséquent de salles, à être projeté en numérique dans la plupart d'entre elles. Ce côté désincarné, qui ajoute à l'aspect "vidéo numérique" du film, ne fait que souligner encore plus le froid glacial que certains événements de son récit peuvent nous faire ressentir.

Vu le 8 avril 2005, au MK2 Bibliothèque, Salle 6, en VO
Revu le 6 juin 2005, au MK2 Hautefeuille, Salle 4, en VO

Note de Tootpadu: