Nos souvenirs brûlés

Nos souvenirs brûlés
Titre original:Nos souvenirs brûlés
Réalisateur:Susanne Bier
Sortie:Cinéma
Durée:119 minutes
Date:30 janvier 2008
Note:
Audrey Burke est effondrée par l'annonce de la mort brutale de son mari de onze ans, Brian. La vie préservée qu'elle menait avec ses deux enfants s'est tout d'un coup écroulée. A l'enterrement, elle revoit Jerry Sunborne, un toxicomane et ami d'enfance de Brian, avec lequel le défunt avait gardé des liens amicaux étroits. Pour combler le vide que la disparition de Brian a laissé dans sa vie et celle de ses enfants, Audrey propose à Jerry de s'installer dans la chambre d'amis, le temps de trouver un travail et de décrocher définitivement de la drogue.

Critique de Tootpadu

Aucun autre réalisateur entretient un rapport aussi fétichiste avec les yeux que Susanne Bier. Elle a beau évoluer désormais dans l'univers des films anglophones et des vedettes internationales, sa caméra scrute toujours avec la même insistance la partie oculaire de ses personnages, de si près qu'on arrive à discerner les poiles sur le visage de Halle Berry ou la moindre ride de Benicio Del Toro. Ce détail formel demeure plus que notable, mais il participe plus à la stylisation du récit émotionnellement chargé, qu'il n'en détourne l'attention, comme dans le film précédent de la réalisatrice danoise, After the Wedding.
L'exploration des affres du deuil ne paraît en effet pas suffire au scénario de Allan Loeb pour engager le spectateur émotionnellement. Comme pour mieux indiquer que la vie continue malgré tout, il y ajoute une couche de sevrage de la toxicomanie tout aussi intense. Ces deux volets sont néanmoins animés par un idéalisme un peu trop douceâtre, à l'instar de la conception très noble de l'amitié que le film véhicule. Les expressions de bonne volonté et les revirements larmoyants se succèdent ainsi à un rythme soutenu. Bien que la mise en scène stylisée et belle de Susanne Bier constitue un obstacle indéniable à l'engagement émotionnel sans réserve, elle empêche aussi l'histoire d'un couple et d'une amitié anéantis de dégringoler vers les profondeurs du roman de gare au chantage sentimental vulgaire.
Halle Berry et Benicio Del Toro confèrent une intensité tout à fait appréciable à leurs personnages hantés par des démons apparemment indomptables. Ils arrivent même à faire passer les changements d'humeur complexes et pas toujours crédibles d'Audrey et les discours parfois nébuleux de Jerry, comme son allocution finale.

Vu le 27 novembre 2007, à la Salle UIP, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Audrey (magnifique Halle Berry)  et Brian (David Duchovny) menaient une vie tranquille et sans histoires : onze ans de mariage, deux enfants, le confort et la sécurité assurés, aucun souci à l'horizon. Mais, un jour, tout s'écroule : Brian meurt, victime d'un acte de violence gratuite. Encore sous le choc, Audrey se tourne instinctivement vers le meilleur et plus ancien ami de son mari, Jerry Sunborne (Benicio Del Toro) . Un homme qu'elle jugeait infréquentable, et dont elle comprenait à peine que Jerry continue à le fréquenter.  Mais, aujourd'hui, face au vide laissé par la mort de Brian, Jerry l'accro, le paumé, lui apparaît comme une planche de salut, un ultime lien avec le disparu. Audrey l'invite à s'installer dans une chambre attenante au garage, avec l'espoir qu'il l'aidera, ainsi que ses enfants, à reprendre une vie normale. Engagé dans un difficile combat contre la drogue, Jerry accepte la proposition. En devenant le confident et l'ami d'Audrey et le père de substitution des jeunes Harper et Dory, il hérite de nouvelles responsabilités et développe au fil des jours des ressources insoupçonnées. Entre deuil et déni, Audrey et Jerry s'efforcent tant bien que mal de se porter secours...

Le scénariste Allan Lob signait en 2007 son premier scénario et allait grâce à ce film indépendant pouvoir s’imposer comme un scénariste courtisé à Hollywood (Las Vegas 21, Wall Street L’argent ne dort jamais, Le dilemme, Rock Forever, Profs poids lourd) mais sans pouvoir proposer un scénario autant maîtrisé. Ce film assez lent par son rythme permet de donner corps à ses trois comédiens principaux. On donnera une mention d’excellence à Bénicio Del Toro qui est une nouvelle fois impressionnant dans son rôle de junkie qui essaye de décrocher.

La mise en scène de Susanne Blier est assez curieuse dans le sens qu’elle semble être une fétichiste des gros plans (notamment des yeux). Cette curieuse manière de filmer renforce cependant le côté sombre du film traitant de ce qui suit la perte d’un être cher. Ce climat renforce la tristesse des personnages de Audrey et Jerry qui éprouvent le besoin d’avancer ensemble pour se refaire une vie et croire en leur avenir.  

Le cinéma indépendant américain comme l’atteste une nouvelle fois ce film est un cinéma dans lequel  les comédiens peuvent avoir de vrais rôles importants, voire casser leur image trop lisse et trop rigide. Halle Berry tient là un de ces plus beaux rôles et la réussite du film lui incombe en partie.

Vu le 13 juin 2013 au Publicis Cinéma, Salle 01,  en VO

Note de Mulder: