Promesses de l'ombre (Les)

Promesses de l'ombre (Les)
Titre original:Promesses de l'ombre (Les)
Réalisateur:David Cronenberg
Sortie:Cinéma
Durée:100 minutes
Date:07 novembre 2007
Note:
Quelques jours avant Noël à Londres, Anna, une sage femme, assiste à la naissance d'une petite fille, née d'une jeune femme inconnue et morte en couches, qui était apparemment une prostituée droguée. Anna récupère le journal intime de la mère décédée, auquel elle ne comprend rien, puisqu'il est écrit en russe. Afin d'en savoir plus sur elle et permettre au bébé de retrouver ses proches, Anna enquête dans un restaurant russe, dont la carte se trouvait dans le journal. Semyon, le vieux propriétaire des lieux, offre son aide pour la traduction, mais rapidement Anna doit se rendre compte que ces écrits intimes l'emmènent vers le monde violent de la mafia russe.

Critique de Tootpadu

Woody Allen n'est pas le seul réalisateur américain, au sens large, à faire le grand saut à travers l'océan pour chercher son inspiration à Londres. Le milieu que David Cronenberg a choisi pour son nouveau film est en effet assez loin de ceux de ses films précédents, à l'exception peut-être d'une fascination pour les malfrats qui se manifestait déjà dans A History of Violence. Son intrusion dans l'univers renfermé de la mafia russe s'avère assez instructive, quant à l'explication des codes d'honneur et des tatouages révélateurs. Il lui manque cependant le petit quelque chose qui en ferait plus qu'un film de genre solide, mais guère exceptionnel.
Il est possible que notre régime récent de films excessivement longs nous ait habitués à un rythme plus épique, mais la narration des Promesses de l'ombre ne paraît jamais décoller tout à fait. Autour d'un seul morceau de bravoure, le combat très violent dans le sauna, à déconseiller aux âmes sensibles et pudiques, l'intrigue s'agence en effet presque mollement. Le scénario étale les motivations des différents personnages avec une application serviable, sans jamais se défaire ne serait-ce que partiellement des règles strictes du film de gangster. Les stratagèmes et jeux de pouvoir ne sont guère perturbés par l'intrusion inopinée d'une personne de l'extérieur, qui ne jouera finalement qu'un rôle secondaire dans l'ordre universel des choses. Entre les règlements de compte des clans et le travail d'observation de la police, Anna opère comme un objet étranger, qui est curieusement le seul personnage métissé dans l'histoire, ni tout à fait anglaise, ni russe.
Comme d'habitude, David Cronenberg opère en filigrane un réseau de faux-semblants pas sans intérêt. Mais la retenue de sa mise en scène, ainsi que la structure un peu éparpillée du scénario, freinent considérablement l'éclosion d'un véritable plaisir cinématographique. Son film se termine avant d'aller au fond de son potentiel, ce qui laisse forcément un arrière-goût décevant. L'interprétation très solide de Viggo Mortensen agit alors comme l'unique pilier d'un cru plutôt modeste de la part d'un des meilleurs réalisateurs canadiens.

Vu le 9 novembre 2007, au Max Linder, en VO

Note de Tootpadu: