A History of Violence

A History of Violence
Titre original:A History of Violence
Réalisateur:David Cronenberg
Sortie:Cinéma
Durée:96 minutes
Date:02 novembre 2005
Note:
Tom McKenna, un père de famille à la vie paisiblement tranquille, abat dans un réflexe de légitime défense son agresseur dans un restaurant. Il devient alors un personnage médiatique, dont l'existence est dorénavant connue du grand public...
http://www.metrofilms.com/ahistoryofviolence/
(Source Allociné)

Critique de Mulder

Le 07 Mars 1984 , j'avais moins de 11 ans quand je suis allé voir Dead Zone. Le film étant interdit aux moins de 13 ans, mon père réussit à me faire passer quand même pour aller voir ce film. Ce fut un choc même si je n'eus pas à l'époque le droit de voir certaines scènes que mon père jugea trop violentes pour un enfant de mon âge. J'eus le temps par la suite de me rattraper et même de l'acheter et de le revoir toujours avec le même plaisir. Par la suite David Cronenberg fut capable du meilleur (La Mouche, Videodrome, Scanners, Crash..) comme du pire (Faux semblants, M Butterlfy, Existenz...).

Mais très bonne nouvelle, A History of Violence est un pur chef-d'oeuvre, une pure réussite aussi bien via un scénario calqué sur un comics , à la façon dont est filmé chaque scène , et surtout via une interprétation sublime de Viggo Mortensen et de Maria Bello.

Ce film part pratiquement du même postulat que celui de Incassable de M. Night Shyamalan dans lequel un père de famille doué d'un don particulier a décidé de se ranger et d'oublier son pouvoir. Le personnage de Tom Stall incarné avec brio par l'excellent Viggo Mortensen est donc un ancien homme de main de la mafia. Mafia qu'il avait décidé de liquider certains membres puis de se retirer. Tel un super héros (pratiquement comparable à The Punisher), il était devenu une véritable arme à tuer. Il décida donc de se ranger et de prendre une autre identité (tout le mythe du super héros de comics repose là dessus). Pourtant, deux tueurs vont malheureusement réveiller en cet honnête commerçant (dans le film, il tient une petite cafétéria) sa capacité à tuer. Par delà, en s'affichant clairement dans les journaux et dans les médias, ses anciens partenaires dont son frère vont vouloir le retrouver pour régler certains comptes... Tel est le postulat de cet excellent film. A mi-chemin entre le film de super héros, le thriller, la comédie romantique (la scène avec la pom pom girl est instantanément culte, comme la scène de l'escalier)....

David Cronenberg montre qu'il est bien de retour au premier plan. Finis les petits films, il revient donc en avant-scène. Il faudra compter sur lui maintenant autant que dans le passé, au temps où ses films étaient très attendus (La Mouche…). Chaque scène de son film semble friser le parfait, aucun angle n'est de trop. Chaque scène renforce et affirme la suivante. La semaine dernière marquait le grand retour de Woody Allen avec Match Point, cette semaine c'est donc le grand retour de David Cronenberg. Les aficionados vont être heureux…

Je ne donnerai aucune autre information concernant ce film pour laisser aux spectateurs, voire à une spectatrice en particulier dont la présence va beaucoup me manquer, le plaisir de le découvrir. Comme Tom Stall, j’aurais été capable pour elle de devenir un homme meilleur, un homme bon et de me contenter de ce que j’ai et arrêter d’en vouloir toujours plus… Car on se rend compte dès le départ que le héros de ce film est un héros maudit. Il a décidé de devenir un homme meilleur au contact de sa superbe femme. Il est devenu un très bon père, un très bon mari, tout le monde dans sa petite ville semble le connaître et l’apprécier…

Enfin, Maria Bello montre que non seulement on peut être une superbe femme mais également savoir jouer à la perfection (contrairement à Monica Belucci). En commençant par le théâtre, puis par la case obligatoire de la télé (Urgence) et de films en films son jeu s’est perfectionné de plus en plus. Dans ce film, elle montre que c’est une actrice avec laquelle il faudra compter. Dans son prochain film Untitled World Trade Center project de Oliver Stone, bien entendu sur les attentats du 11/09/2001, elle aura comme partenaire Nicolas Cage. Donc un grand film à surveiller. Je lui souhaite d’obtenir la consécration (un Oscar) car elle le mérite…

Ce film est un chef d’œuvre de plus pour un brillant réalisateur…J’attends avec grande impatience son prochain film London Fields (tiré du best-seller du britannique Martin Amis, un thriller à la lisière du fantastique)…

A voir absolument au cinéma et si possible en vost…

Vu le 02/11/05 à la séance de 11h10 salle 02 au Gaumont de Disney Village

Note de Mulder:

Critique de Tootpadu

Il est étonnant de constater à quel point Caché et A History of Violence, tous les deux présentés en compétition à Cannes cette année, traitent au fond de la même thématique. La fuite du passé et son retour impitoyable, la stratégie de l'autruche, le harcèlement et la vie de famille menacée, tous ces sujets se retrouvent dans les deux films, évidemment sous un éclairage différent. A la sévérité cruelle de Michael Haneke répond ici une solidité presque lénifiante. Depuis ses débuts il y a trente ans, Cronenberg a en effet affiné ses contes sur la monstruosité. L'élément "gore" de ses films des années 1970 a été sacrifié sur l'autel de la subtilité. Au coeur de sa fable insinuant sur la bestialité de l'être humain se trouve toujours la violence, cette maladie fourbe qui empeste les rapports sociaux.
Cependant, Cronenberg n'arrive pas complètement à transcender son sujet, à en faire autre chose qu'un récit dense et direct sur une quête d'identité et de rédemption. Sans réellement nous décevoir, il nous laisse un peu sur notre faim avec sa réalisation maîtrisée mais sans éclat et une histoire qui s'arrête avant d'arriver au bout de son potentiel. Une fois n'est pas coutume, nous ne pouvons qu'être d'accord avec quelques commentaires à la sortie de la salle, qui regrettaient qu'il n'y avait "que ça" dans un film à la réputation bien plus avantageuse.
Enfin, le point fort du film reste l'interprétation, et surtout trois rôles clefs. D'abord, la sublime Maria Bello dans celui d'une mère courage qui soutient son mari malgré les conséquences. Ensuite le jeune Ashton Holmes, la révélation du film, qui donne un air d'insécurité et de fragilité très attachant à son personnage de fils soit pacifiste, soit lâche. Et finalement, et c'est là peut-être le plus grand accomplissement, le réveil tant attendu de William Hurt qui habite pour la première fois un rôle, bref mais juteux, depuis des lustres.

Vu le 4 novembre 2005, au Max Linder, en VO

Note de Tootpadu: