A la rencontre de Forrester

Titre original: | A la rencontre de Forrester |
Réalisateur: | Gus Van Sant |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 136 minutes |
Date: | 18 avril 2001 |
Note: | |
Le jeune Jamal Wallace, qui a grandi sans père dans le Bronx, excelle autant sur le terrain de basket que dans les examens littéraires. Suite à un pari avec un ami, il s'introduit dans l'appartement d'un homme reclus, une véritable légende du quartier. Jamal est surpris par celui-ci, le célèbre écrivain William Forrester, et prend la fuite, laissant derrière lui son sac avec ses cahiers de notes personnelles. Lorsqu'il le récupère, le jeune homme est étonné de trouver des annotations sur ses écrits. Il espère alors pouvoir apprendre de cet homme mystérieux et instruit, d'autant plus qu'il vient d'intégrer une école privée d'élite.
Critique de Tootpadu
Gus Van Sant est un réalisateur qui aime se répéter. Cette façon de créer par échos ou par de longues lignes esthétiques va au-delà de simples motifs récurrents, même si elle n'a jamais été poussée plus loin que le remake, plan par plan, de Psychose. Elle ne relève pas non plus d'une paresse artistique. Au contraire, elle constitue par défaut la grille à travers laquelle l'oeuvre disparate du réalisateur retrouve une certaine linéarité. Tandis que ses quatre derniers longs-métrages se ressemblent fortement par leurs personnages adolescents déboussolés et leur rythme contemplatif, ce film-ci clôt en quelque sorte la parenthèse commerciale de Van Sant.
Sa parenté avec Will Hunting est manifeste, puisqu'il s'engage dans la même voie scénaristique du jeune surdoué mal compris. Des différences existent, bien sûr, mais elles ne sont pas suffisamment affirmées pour écarter l'impression d'une réplique du film de 1997. Dans les deux cas, le jeune protagoniste est issu d'un milieu défavorable, il est soutenu par une sorte de mécène improbable (le psy ou l'auteur reclus), et il tombe amoureux d'une jeune fille charmante, clairement plus fortunée que lui. Ce sont là des histoires de jeunes prodiges édifiantes, en rupture avec le regard plus mélancolique, voire lugubre, que Gus Van Sant jette sur l'adolescence dans ses autres films, de Mala noche à Paranoid Park.
Cet optimisme de circonstance va de pair avec un attachement indéniable aux règles de la fiction. Dans ce sens, A la rencontre de Forrester est à ce jour le dernier film du réalisateur où la trame narrative conventionnelle, avec sa progression et sa finalité prévisibles, prend le dessus sur les échappées poétiques, plutôt rares. Le générique avec le jeune rappeur mis à part, le rythme du film ne se permet ainsi guère de digression notable. Pour cela, le scénario de Mike Rich est bien trop touffu et préoccupé à attribuer à chaque personnage principal un fond psychologique sommaire. Alors que sa promotion de l'instruction et ses implications émotionnelles peuvent séduire, l'histoire dénote tout autant négativement par sa description caricaturale des personnages et des interactions à la psychologie trop facile et superficielle.
Quant à la mise en scène de Gus Van Sant, elle se démarque par un choix musical déjà à l'époque très éclectique et un style travaillé, qui donne un cachet visuel très appréciable à cette histoire inspirante, mais somme toute assez commune.
Revu le 28 octobre 2007, à la Cinémathèque Française, Salle Georges Franju, en VO
Note de Tootpadu: