J'ai très mal au travail

J'ai très mal au travail
Titre original:J'ai très mal au travail
Réalisateur:Jean-Michel Carré
Sortie:Cinéma
Durée:84 minutes
Date:31 octobre 2007
Note:
Le travail est une donne essentielle de la vie en société. Il apporte au moins un sens partiel à notre existence, au-delà de sa fonction première de nous permettre de subvenir à nos besoins matériels vitaux. Mais le monde du travail est aussi le théâtre de mécanismes complexes, qui relèvent autant de la compétition et de l'hiérarchie, que de la fatigue physique et mentale. En s'entretenant avec des scientifiques, des psychanalystes et des travailleurs, Jean-Michel Carré cherche à cerner ce que représente le travail aujourd'hui, autant d'un point de vue individuel que collectif, à travers son reflet dans la publicité et au cinéma.

Critique de Tootpadu

Le monde du travail peut être considéré comme le reflet d'une société. Tout le monde s'y retrouve d'une manière ou d'une autre, à moins de vivre en marge, comme chômeur ou dans la misère. Seulement, que sommes-nous prêts à sacrifier à cet élément essentiel de notre vie et en quoi cette allégeance envers un mode de répartition capitaliste nous comble ou, au contraire, nous épuise ? Ce documentaire propose une vision assez globale de la thématique. Il est moins restreint dans son approche qu'Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés, tout en offrant des pistes de réflexion multiples et passionnantes.
Il est en effet étonnant de constater à quel point les différentes contributions, pour la majorité d'ordre théorique, vont au coeur du sujet et en dessinent un tableau complexe et conflictuel. Ces conflits, qui mettent à jour les dysfonctionnements les plus flagrants de notre modèle professionnel, envéniment bien évidemment le quotidien sur notre lieu de travail. Mais du point de vue érudit et lucide de Jean-Michel Carré et de ses interlocuteurs, ces problèmes manifestes s'inscrivent dans un schéma plus global, dont l'individu n'est qu'un rouage, finalement dispensable. Ainsi, les faits rapportés au cours des entretiens, et leur sublimation ironique dans les nombreux extraits de publicité très parlants, auraient de quoi déprimer profondément, si ce n'était pour le recul critique du réalisateur.
Sa critique ne s'adresse cependant pas contre les dirigeants et autres supérieurs qui se trouvent en haut de l'échelle professionnel, puisque tout un chacun est touché par la course à l'efficacité et au rendement. L'intelligence remarquable de son propos réside justement dans sa capacité de faire la part des choses, c'est-à-dire de souligner que nous sommes autant les victimes du système que ses agents les plus fidèles.

Vu le 23 octobre 2007, au Club Marbeuf

Note de Tootpadu: