Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés

Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés
Titre original:Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés
Réalisateur:Sophie Bruneau, Marc-Antoine Roudil
Sortie:Cinéma
Durée:79 minutes
Date:08 février 2006
Note:
Après la lecture du livre de Christophe Dejours, "Souffrance en France", qui traite du malaise psychique dû aux tensions sur le lieu de travail, les deux réalisateurs ont observé quatre patients en consultation chez des médecins spécialisés, en Île-de-France. Quel enseignement tirer de ces manifestations pathologiques récurrentes qui apparaissent chez des salariés qui s'investissaient auparavant complètement dans leur travail ?

Critique de Tootpadu

Travailler rend malade. Ne pas travailler rend malade aussi. Mais une pathologie généralement ignorée dans le monde compétitif de nos jours, c'est le fait de ne plus pouvoir subir les pressions de la hiérarchie ou d'être traité "comme une merde" alors que l'on correspondait parfaitement au profil du poste les premières années après l'embauche. Heureusement, ce genre d'expérience pénible nous a été jusqu'à présent épargné, mais rien que notre cher confrère Mulder pourra vous raconter en long et en large tous les abus qu'il avait subi à l'époque, et qu'il a dû traiter d'une façon très proche des traitements médicaux décrits dans ce documentaire poignant. C'est d'ailleurs cette proximité avec la vie réelle qui limite considérablement le potentiel commercial du film, puisqu'il faudra des reins solides pour aller voir des détresses psychiques qui sont dues à des situations par lesquelles chacun d'entre nous risque de passer un jour.
Mais l'aspect accessible du sujet rend le troisième documentaire des co-réalisateurs également beaucoup moins pittoresque que leur oeuvre précédente (Pardevant notaire). Comme dans ce dernier, ils laissent les intervenants parler pour et par eux-mêmes, sans pratiquement jamais faire état de la caméra. Les renvois et les récurrences existent bien entendu, mais chaque cas est unique et fait découvrir une partie différente du monde impitoyable du travail. La mise au point finale, lors de laquelle les trois praticiens s'interrogent sur leurs méthodes et leur utilité en présence de Christophe Dejours, ne cherche alors pas non plus à clore le sujet, mais plutôt à l'organiser différemment et d'ouvrir des pistes précieuses de réflexion. Ce qui, au risque de nous répéter, représente un des rôles vitaux du genre documentaire.

Vu le 27 janvier 2006, au Planet Hollywood Champs-Elysées

Note de Tootpadu: