
Titre original: | Ennemi intime (L') |
Réalisateur: | Florent Emilio Siri |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 111 minutes |
Date: | 03 octobre 2007 |
Note: | |
Algérie, 1959. Alors que les attaques des combattants du Front de libération nationale s'intensifient, le jeune lieutenant Terrien prend le commandement d'une section de l'armée française dans les hautes montagnes kabyles. Sa mission : capturer mort ou vif le chef de la rébellion dans la région. Le manque d'expérience de Terrien est atténué par le travail exemplaire du sergent Dougnac, un militaire désabusé.
Critique de Tootpadu
La première victime de la guerre est toujours l'humanité. Ce quatrième film de Florent Emilio Siri nous rappelle cette vérité, avec une aisance dans le maniement des moyens techniques et narratifs à sa disposition qui feraient pâlir une production américaine. L'esthétique est en effet tellement soignée qu'elle fait parfois passer la dimension émotionnelle de l'histoire à l'arrière-plan. Dans ce sens, L'Ennemi intime fait figure de pendant bâtard d'Indigènes, la maîtrise technique en plus, les bons sentiments en moins.
Les sources d'inspiration du réalisateur sont en effet multiples, pour donner une forme un brin trop éclatante à ce sombre drame sur un combat perdu d'avance. La référence la plus évidente, ce sont les westerns de Sergio Leone, avec leurs gros plans des visages sur lesquels suinte la sueur. Mais le métissage improbable, quoique efficace, des styles et des genres ne s'arrête pas là.
La bande originale d'Alexandre Desplat, une fois de plus d'une beauté transcendante, entonne des thèmes tout droit sortis d'un film noir. Le résultat de ces mélanges atypiques n'en demeure pas moins saisissant, comme pour mieux ouvrir une nouvelle voie formelle à un thème (la guerre d'Algérie), envers lequel le cinéma français se montre généralement bien trop frileux.
Ce que le scénario bien construit, mais conventionnel, de Patrick Rotman évoque n'est qu'un aperçu des cruautés des deux camps pendant cette guerre, voire pendant n'importe quelle guerre. La forme stylisée de Siri relativise peut-être un peu trop l'impact émotionnel de ces atrocités. Mais le réalisateur de Nid de guêpes prouve une fois de plus qu'il a mieux assimilé les leçons du cinéma de ses années formatrices que la plupart de ses jeunes confrères, qui tente de prospérer sur le même filon cinématographique.
Vu le 21 septembre 2007, à l'Elysées Biarritz
Note de Tootpadu: