Vengeance dans la peau (La)

Vengeance dans la peau (La)
Titre original:Vengeance dans la peau (La)
Réalisateur:Paul Greengrass
Sortie:Cinéma
Durée:115 minutes
Date:12 septembre 2007
Note:
Après avoir quitté Moscou, l'ex-agent Jason Bourne tombe sur un article dans un journal anglais, qui évoque son sort et l'opération "Treadstone" des services secrets américains. Bourne se rend à Londres pour savoir d'où le journaliste Simon Ross tient ces informations. Mais il n'est pas le seul à s'intéresser à Ross et à une nouvelle opération "Blackbriar", puisque le vice-directeur de la CIA Noah Vosen a lancé ses hommes aux trousses de l'informateur.

Critique de Tootpadu

Ce troisième volet de la saga Jason Bourne reprend exactement là où La Mort dans la peau s'était arrêté. Pas tellement en termes d'histoire, puisque nous ne nous rappelons plus des détails du film précédent, mais d'un point de vue esthétique. Le montage est toujours aussi nerveux, au point de devenir épileptique, et l'aspect de l'image est toujours retravaillé avec acharnement pour créer des effets censés évoquer le souvenir très vague du héros. Ce style hystérique convient assez bien aux poursuites en tout genre, qui forment l'écrasante majorité du film. Les rares moments de conversations relativement posées auraient cependant très bien pu se passer de la caméra tremblotante que Paul Greengrass affectionnait hélas déjà dans l'épisode précédent.
Le rythme du film est ainsi très soutenu, sans que des moments réellement forts ne dynamisent le récit. La poursuite en voiture à New York s'apparente plus à un enchaînement mal filmé et monté de carambolages. Et le combat féroce contre le tueur à gages à Tanger nous fait au mieux penser au commentaire de Hitchcock sur la difficulté de tuer un homme à mains nues, fait par rapport à la séquence du four dans Le Rideau déchiré. Le reste n'est qu'une suite survoltée et assez haletante, admettons-le, d'une traque à l'homme, où les rôles du chat et de la souris s'inversent constamment.
Le thème du danger qui vient de l'intérieur est une fois de plus le point fort de l'histoire, le fil rouge qui se tisse à travers l'univers de Bourne depuis La Mémoire dans la peau. Pour ce qui est de la création crédible d'une paranoïa, le constat doit déjà être bien plus réservé ! Les moyens techniques de surveillance ont certes évolué depuis Ennemi d'état de Tony Scott, mais cela n'implique pas forcément que le cinéma hollywoodien s'en sert avec plus d'adresse et d'inventivité tout d'un coup.
Les incohérences scénaristiques sont en effet nombreuses, à commencer par la facilité avec laquelle la taupe se fait piéger, alors qu'elle devrait savoir à quel point ses différents mouvements sont faciles à repérer pour l'agence. De même, le rôle de Pamela Landy, une Joan Allen pas au meilleur de sa forme ici, s'avère également problématique, en raison de son implication dans les actions des services secrets qu'elle cherche à rendre plus justes vers la fin. La transition entre son coup d'accélérateur et son discernement miraculeux lorsqu'elle arrive dans la cellule de Vosen, et son témoignage devant la comission d'enquête à la fin est ainsi en panne d'une évolution organique. Tout comme l'idée d'une malfaisance de la part de l'état, qui est finalement démantelée d'une manière bien trop proprette et rassurante pour garder intacte l'impression de paranoïa, élaborée avec tant d'efforts au cours du film. Enfin, l'adulation du personnage de Bourne comme un agent secret plus réaliste que James Bond nous fait bien rire, tellement ses innombrables cascades et rendez-vous avec la mort auraient dû l'achever au bout de la première bobine du film !
Légèrement meilleur que son prédécesseur, ce dernier volet des aventures de l'agent sans mémoire, mais avec plein de choses dans la peau grâce aux traducteurs de titres français, ne dépasse cependant pas le premier volet, qui savait encore garder ses pieds formels sur terre.

Vu le 20 septembre 2007, au MK2 Bibliothèque, Salle A, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Comme le souligne si bien le dossier de presse de La Vengeance dans la peau, ce film n'est pas véritablement une suite à La Mort dans la peau. En effet, les spectateurs avertis constateront que la trame de ce troisième opus vient en réalité s'insérer (pour l'essentiel) entre l'avant-dernière et la dernière scène du film précédent ! Les dix dernières minutes de La Vengeance dans la peau déroulant ensuite l'histoire de Jason Bourne jusqu'à son dénouement. Cette impressionnante construction scénaristique, inédite au cinéma, est à mettre au crédit de Tony Gilroy.

Après les deux précédents excellents opus, Matt Damon interprète une nouvelle et peut-être dernière fois (on espère que non) le fameux agent Jason Bourne. Force est de constater que ce film est le meilleur de la saga, avec des scènes d'action stupéfiantes de réalisme, ainsi qu'un scénario brillant, qui en fait à mes yeux le meilleur thriller politique depuis Les 3 jours du Condor de Sydney Pollack.

Les nouvelles possibilités offertes par les instruments modernes devraient rendre dérisoires les conventions de l'action cinématographique à la vision de ce film. En pur virtuose, le cinéaste installe un suspense démentiel. Il dynamise sa mise en scène par un montage serré et ne laisse pas au spectacteur le temps de respirer. Paul Greengrass réussit à maintenir l'équilibre ultra efficace du deuxième volet, entre les poursuites spectaculaires étirées jusqu'à l'abstraction et le théâtre du pouvoir et de la manipulation dans les bureaux de la CIA.

La conception de Greengrass colle parfaitement au film. Sa passion pour le temps réel et l'imitation de procédés documentaires dynamise chaque scène d'action. Ce réalisateur embarque sa caméra derrière l'épaule et nous fait plonger en pleine action pendant deux heures. La scène dans la gare de Waterloo à Londres, celle à Tangers sur les toits et entre les habitations, la scène de combat dans la salle de bain, la scène de course poursuite démentiel dans New York font de ce film instantanément un des meilleurs films d'action que j'ai pu voir depuis très très longtemps dans une salle de cinéma !

Nous ressortons donc de ce film avec l'impression de nous sentir heureux (chose rare actuellement), ce qui nous donne envie de revoir encore une fois ce magnifique film. Il nous donne aussi, chose rare, envie de nous replonger dans toutes les oeuvres de feu Robert Ludlum afin de retrouver le même plaisir.

Ce film est donc l'un de mes films préférés. A ranger entre Will Hunting, Matrix, La cité des anges, Spiderman 3 ...

A voir et à revoir !

Vu le 19 septembre 2007, au Gaumont Disney Village, Salle 1, en VF

Note de Mulder: