Mort dans la peau (La)

Mort dans la peau (La)
Titre original:Mort dans la peau (La)
Réalisateur:Paul Greengrass
Sortie:Cinéma
Durée:105 minutes
Date:08 septembre 2004
Note:
Depuis deux ans, l'ex-agent / tueur à gages de la CIA Jason Bourne et sa compagne Marie ont réussi à tromper leurs poursuivants au prix d'une vigilance sans faille. Ce paisible village de Goa aurait dû être leur dernier refuge. Vain espoir. Deux ans plus tôt, Jason avait juré de se venger de quiconque le relancerait. Il tiendra parole...
(Source Allociné)

Critique de Mulder

Je suis un passionné de cinéma et c’est rare de voir un bon film de nos jours. J’avais juste fini le second livre, que je me rendais déjà dans une salle de cinéma pour voir un très bon thriller avec un très bon script et un acteur au meilleur de son potentiel (Matt Damon en l'occurence). Le film ne laisse aucun temps pour souffler et nous balade d’Inde à Moscou et le tout en première classe. En sortant de la salle on est content de ne pas vivre à Berlin ni à Moscou. Mais revenons à ce très bon thriller.

La Mort dans la peau est donc inspiré de façon très lointaine du deuxième roman du cycle Jason Bourne écrit par Robert Ludlum (ouvrage édité en 1986 et qui a figuré pendant 25 semaines sur la liste des best-sellers du New York Times). Paul Greengrass ne fait donc pas regretter le changement, la vigueur de ses choix de mise en scène, son travail sur l'image, le son et surtout le rythme tiennent son thriller et témoignent d'un tempérament à suivre. Comme l’est la première scène de poursuite, à Goa, le film est un modèle parfait de rythme et d'efficacité.

De plus, Matt Damon qui est au plus haut de sa forme (et c’est donc son meilleur film depuis Good Will Hunting), nous offre un personnage complexe de plus en plus difficile à cerner. Le réalisme provient en grande partie de la mise en scène nerveuse de Paul Greengrass (qui a effectué un très bon travail sur le rythme) et le filmage caméra à l'épaule qui confère au film une esthétique documentaire, nous plaçant par la même occasion au centre des scènes d'actions, impressionnantes sans verser dans la surenchère. Ce qui nous amène à la crédibilité du film : que ce soit dans la description du monde de l'espionnage, un combat à mains nues ou une poursuite, on y croit et la crédibilité du film est renforcée par celle de Matt Damon, très bon en actionneur.

L’action haletante, le scénario très preneur, des personnages qui gagnent en épaisseur, une mise en scène efficace avec un montage hyper serré, une course-poursuite finale qui vaut à elle seule le déplacement. Bref, une suite qui surpasse le premier et qui peut même se vanter d'être un des meilleurs films d'action de cette année. Mais en ce moment, c'est chose courante à Hollywood de réussir des suites (Spiderman 2 par exemple) et c'est tant mieux. La mort dans la peau est une suite efficace qui vaut largement le précédent volet. Paul Greengrass, à l'inverse de Doug Liman, est très à l'aise pour insuffler du rythme à son film, au point d'abuser des facilités offertes par le numérique (découpage en plans ultra-courts et innombrables). Construit autour d'une intrigue classique, le film est bourré d'adrénaline et va crescendo jusqu'au final explosif.

On peut dire que l'histoire tirée de la fameuse série de Ludlum (le maître du suspense au USA) a de quoi faire saliver. Ce film est donc une véritable leçon de cinéma à ceux qui croient faire des films d'action. Vivement la suite (car c'est absolument certain qu'il va en avoir une) : Bourne Ultimatum

Vu le 6 septembre en vo à la séance de 19h45 salle 02 au Gaumont de Disney Village et revu le 08 septembre en vf à la séance de 20h00 salle 01

Note de Mulder:

Critique de Tootpadu

La faute cardinale de ce thriller d'espions est de confondre la vitesse avec le sens. Une suite presque ininterrompue de poursuites et de surveillances rapprochées, ces deuxièmes aventures de Jason Bourne tournent certes très vite, mais exclusivement en roue libre. Les coupables pour ce fiasco tout de même curieux qui laisse le spectateur au stade de lecteur, obligé de faire les rapprochements dans sa tête, d'imaginer le grand nombre de plans manquants afin de rendre les scènes d'action compréhensibles, sont à chercher indéniablement derrière la caméra. Quel reproche y aurait-il à faire en fait à l'égard d'acteurs de la trempe d'un Matt Damon ou d'une Joan Allen, si ceux-ci sont sujets à la vision débilitante de leur réalisateur ?
Le style de Paul Greengrass est en effet assez particulier et, puisque patte personnelle il y en a, se fait facilement déclasser dans la mauvaise direction par Le Roi Arthur, à l'aspect encore plus chaotique et, surtout, moins suivi. Car cette manie de faire bouger la caméra dans tous les sens, de couper de façon à donner l'impression du mouvement sans montrer un seul plan pertinent, Greengrass la fait durer du début jusqu'à la fin. Le résultat s'avère alors d'autant plus frustrant que le potentiel était bien présent - lors de la poursuite dans le tunnel, par exemple - mais que la façon dont c'est filmé et monté ne font que nous déboussoler, perdus que nous sommes dans cet édifice cinématographique sans sens de l'espace et sans sens tout court.
Le scénario se limite effectivement à nous ressortir les mêmes ficelles qu'auparavant (ah, ce vilain Abbott), à laisser stagner les personnages à un niveau primaire, sans progression, à enfiler les cartes postales enlaidie par l'aspect visuel du film. L'impression d'incohérence et de solutions faciles, non motivées s'installe alors rapidement, inévitablement renforcée par la mise en scène qui a l'air de s'amuser sans savoir ce qu'elle fait.
On le répète, si l'on n'avait pas subi récemment Le Roi Arthur, ce film d'action sans intérêt aurait facilement pu concourir pour la récompense douteuse du plus mauvais 'blockbuster' de l'été.

Vu le 20 septembre 2004, à l'UGC Normandie, Salle 2, en VO

Note de Tootpadu: