Still Life

Still Life
Titre original:Still Life
Réalisateur:Jia Zhang Ke
Sortie:Cinéma
Durée:112 minutes
Date:02 mai 2007
Note:
La ville de Fengje, en amont du barrage des Trois Gorges en construction, s'apprête à disparaître sous les flots. San Ming s'y rend pour retrouver sa fille qu'il n'a pas vue depuis seize ans. Et Shen Hong y cherche son mari duquel elle est sans nouvelles depuis deux ans.

Critique de Tootpadu

Jia Zhang Ke est peut-être le metteur en scène contemporain le plus apte à créer une poésie filmique irrésistible à partir de l'interaction entre ses personnages et le décor, le plus souvent urbain, dans lequel ils évoluent. Ainsi, son nouveau film, récompensé avec un Lion d'or par le jury de Catherine Deneuve au dernier festival de Venise, constitue une suite surprenante, mais pas moins fascinante, de son film précédent, le magnifique The World.
Au monde imaginaire du parc d'attractions touristique a succédé ici une ville en train de disparaître, sous les coups de marteau d'un progrès qui ne se soucie guère du sort des habitants. Cette chronique d'une disparition annoncée respire carrément la poussière des murs et des immeubles qui s'écroulent, ainsi que la moiteur d'un climat humide et chaud qui participe encore au ton à la fois plombant et suspendu dans le temps et dans l'espace du film. Car après sa narration au scalpel des agissements autour du parc planétaire, Jia Zhang Ke s'adonne davantage ici à un cinéma sensuel. En témoignent les corps à moitié dénudés et transpirants des travailleurs, dignes d'un Beau travail de Claire Denis, qui évoluent dans des bâtiments industriels dont l'essence n'a pas été saisi avec autant de poésie depuis Ce vieux rêve qui bouge d'Alain Guiraudie. S'il fallait encore une preuve supplémentaire du génie universel, et visuel et narratif, du réalisateur chinois, ce serait cette parenté avec des cinéastes français issus d'une culture tout à fait différente.
Toutefois, le charme risque de se rompre de temps en temps. Si l'histoire en deux mouvements séduit justement par sa simplicité, la sobriété formelle n'est pas de mise d'une façon aussi pure et inconditionnelle que nous l'aurions souhaité. Jia Zhang Ke mène en effet son attachement aux effets spéciaux un peu trop loin, lors d'un plan qui voit carrément une immense sculpture urbaine s'envoler. Mais ce sont là des réserves mineures face à un film d'une beauté ensorcelante !

Vu le 3 avril 2007, au Club Marbeuf, en VO

Note de Tootpadu: