
Titre original: | Candidat (Le) |
Réalisateur: | Niels Arestrup |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 94 minutes |
Date: | 11 avril 2007 |
Note: | |
Après le retrait inopiné du candidat initial, frappé d'un cancer fulgurant, Michel Dedieu est désigné par son parti pour poursuivre la campagne présidentielle. Arrivé sans éclat au second tour, Dedieu doit affronter son adversaire Eric Carson au cours d'un débat télévisé. Pour améliorer son image auprès des médias, il rassemble ses conseillers dans une demeure en province. Il ne lui reste que quelques jours pour être crédible face au grand favori, qui soutient notamment l'engagement guerrier du pays.
Critique de Tootpadu
Un candidat antipathique et réticent, qui a été jeté dans la course présidentielle au dernier moment contre son gré : l'acteur Nils Arestrup n'a pas choisi un sujet particulièrement facile ou séduisant pour son premier film en tant que réalisateur. Et c'est justement cette réserve qui rend son film en fin de compte mou et peu engageant. Si le personnage principal donne à chaque instant l'impression de ne pas vouloir être là, pourquoi le spectateur ressentirait-il autre chose ? La seule démarche viable dans ce cas de figure, ce serait la pratique de la chaise vide, une image qu'Arestrup ne se permet que très ponctuellement, au début du débat télévisé.
Pour combler ce vide, les personnages roulent beaucoup en voiture et mangent régulièrement. Mais ils se promènent sans but et la nourriture ne sert plus qu'à entretenir un appareil politique creux, à l'image de ce conseiller goinfre qui contribue les idées les moins pertinentes. L'expression de la vie est méticuleusement étouffée par les machinations de la campagne, réglée jusqu'au dernier détail. Et le personnage principal, interpreté honnêtement par Yvan Attal, s'y plie sans broncher. Quand le moment de sa prise de conscience se produit, il est déjà trop tard pour arracher le film de la torpeur dans laquelle il végète depuis le générique. Car les deux seuls sursauts, l'un formel et l'autre narratif et tous les deux bien trop courts, se trouvent tout au début, lors de l'arrivée à la demeure très stylisée et puis lors de l'unique véritable riposte de Dedieu face à l'éminence grise jouée par Arestrup. Cet affrontement verbal laisse entr'apercevoir une lucidité en vue du système politique, dont l'expression est moins claire, voire incompréhensible, pendant le reste du film.
Enfin, Le Candidat reflète bien la mentalité politique française, ou plus globalement européenne, si on le compare à deux films américains aux sujets semblables. Il lui manque cet entrain vif et calculateur qui permettait au candidat de Primary Colors de remporter l'élection en dépit de ses coups bas. Et il ne sait surtout pas puiser dans l'ironie cinglante d'un Bulworth, qui contait une situation aux éléments fort semblables avec infiniment plus de vivacité.
Vu le 22 février 2007, au Club de l'Etoile
Note de Tootpadu: