Titre original: | Climats (Les) |
Réalisateur: | Nuri Bilge Ceylan |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 98 minutes |
Date: | 17 janvier 2007 |
Note: | |
Isa, un professeur, et Bahar, une directrice artistique pour la télé, sont ensembles depuis plusieurs années. Lorsqu'ils partent en vacances à Kas, pour la première fois depuis longtemps, ils décident de se séparer. Isa vit mal cette rupture et il décide de retrouver Bahar quelques mois plus tard, en plein hiver, dans une ville isolée à l'est de la Turquie.
Critique de Tootpadu
Il ne se passe pas grand-chose dans ce quatrième film de Nuri Bilge Ceylan, présenté en compétition au dernier festival de Cannes. Mais l'impact émotionnel suscité par le moindre détail est d'une telle beauté et d'une telle intensité que ce minimalisme dans l'action devient l'atout majeur du film. Dès les premières images, qui rappellent immédiatement la visite des ruines dans Calendar d'Atom Egoyan, la splendeur de l'image numérique rentre dans un conflit déchirant avec le malaise qui règne au sein du couple. Ce plan magnifique de Bahar, d'un regard distant jusqu'aux larmes, est le testament irrévocable d'une relation qui n'a plus de raison d'être.
Nuri Bilge Ceylan observe avec une finesse parfois cruelle la déchéance d'un homme plus très jeune, en quête de la seule chose qui ait donné un sens à sa vie. Ce constat minutieux n'est pas toujours plaisant à regarder, comme lors de la séquence ambiguë des rapports sexuels imposés. Et pourtant, le réalisateur réussit à faire battre le coeur de son personnage principal, prisonnier de son propre caractère. L'exploration impressionnante de la profondeur de champ et la composition magistrale du cadre n'occultent nullement l'enjeu émotionnel de l'histoire. Au contraire, le temps que Nuri Bilge Ceylan prend pour regarder ses personnages dans toute la banalité de leur vie quotidienne, ce temps donne également l'occasion aux sentiments de renaître et de mourir définitivement (le dernier réveil dans la chambre d'hôtel).
La prouesse visuelle du réalisateur, qui nous avait déjà impressionné dans son film précédent (Uzak), trouve ici le lien fragile et précieux avec les tourments émotionnels des personnages. Porté autant par une photo magnifique, notamment dans les décors enneigés, et l'interprétation déchirante d'Ebru Ceylan dans le rôle de Bahar, ce drame explore sans complaisance le désert froid et inhospitalier d'une relation sentimentale déchue.
Vu le 2 février 2007, au Max Linder, en VO
Note de Tootpadu: