Uzak

Uzak
Titre original:Uzak
Réalisateur:Nuri Bilge Ceylan
Sortie:Cinéma
Durée:109 minutes
Date:14 janvier 2004
Note:
Après la fermeture de l'usine de son village, Yusuf part pour Istanbul dans l'espoir d'y trouver du travail. Il y est hébergé par son cousin Mahmut, un photographe divorcé, qui, face à l'échec répétitif de Yusuf de se faire embaucher, devient impatient de le voir repartir.

Critique de Tootpadu

Dominé par les ballades infructueuses dans la métropole hivernale et la vie oisive dans l'appartement de Mahmut, ce drame contemplatif dégage à la fois un sentiment de tristesse et d'humanité. A travers une histoire rythmée par des micro-événements (la rencontre avec l'ex-femme, la souris de la cuisine, la recherche vaine d'un boulot), Nuri Bilge Ceylan crée un espace filmique particulier, en ce que le décor se façonne au fur et à mesure que le film progresse (cet angle de caméra inédit vers la fin qui nous donne, enfin, un aperçu différent de l'appartement) et que la relation entre les deux hommes ne tient qu'à un fil, prêt à basculer vers la dispute à tout moment.
Dans ce cadre d'une beauté citadine magnifiée par la neige, les deux protagonistes, joués subtilement par les deux lauréats du prix d'interprétation à Cannes, évoluent comme des étrangers dans un monde terne qui n'a plus besoin d'eux. Ce caractère dispensable se traduit simultanément dans la vie professionnelle (Mahmut photographie surtout des carrélages, Yusuf rêve d'un travail au bout du compte misérable et même pas disponible) et privée (le premier est toujours attaché à son ex-femme qui part pour un monde meilleur au Canada, et cherche à assouvir ses pulsions sexuelles par une rencontre hebdomadaire et des pornos regardés en cachette, le deuxième suit des femmes dans la rue, là encore sans le moindre résultat).
S'il n'y avait qu'une chose à retenir dans ce film rempli de mélancolie, ce serait cette image magnifique de Yusuf qui avance dans la neige au fond avec un objet noir qui pend au premier plan. Ensuite, on se rend compte que cet objet fait partie d'un cargo échoué sur la rive, en train de rouiller et de se faire démembrer par le vent et la neige. Quel meilleur symbole pour le désespoir des deux protagonistes en état de décomposition jusqu'à une fin qui laisse au moins la possibilité d'un avenir plus heureux ?

Vu le 3 février 2004, à l'UGC Ciné Cité Les Halles, Salle 5, en VO

Note de Tootpadu: