Dernier roi d'Ecosse (Le)

Dernier roi d'Ecosse (Le)
Titre original:Dernier roi d'Ecosse (Le)
Réalisateur:Kevin Macdonald
Sortie:Cinéma
Durée:123 minutes
Date:14 février 2007
Note:
En 1970, le jeune médecin écossais Nicholas Garrigan abandonne l'avenir tout tracé que lui offre son père, un médecin généraliste, pour s'engager dans une mission humanitaire en Afrique. Le jour de son arrivée en Ouganda, un coup d'état fomenté par les Anglais renverse le président Obote et permet l'ascension au pouvoir du général Idi Amin Dada, un homme du peuple. Le docteur Garrigan est conquis par le charme et l'apparente générosité du nouveau président qu'il voit au cours de sa tournée à travers la campagne pour galvaniser les foules. Appelé au secours d'Idi Amin après un accident de la route bénin, Garrigan est vite promu au poste de médecin personnel du président. Le jeune homme se laisse alors enivrer par le pouvoir qui est investi en lui, désormais un des plus proches conseillers du président, sans se rendre compte que le pays sombre dans la violence et que sa situation devient de plus en plus compromettante et dangereuse.

Critique de Tootpadu

La déchéance de l'Afrique est une fois de plus vue à travers les yeux d'un protagoniste blanc dans ce drame intense sur le règne du dictateur ougandais. A la façon d'un Cry Freedom, le film excelle dans la description du personnage principal africain, ici le diabolique Idi Amin Dada, avant d'en détourner son attention au profit d'une course contre la montre autour du pauvre homme blanc persécuté. La liberté fictive que le scénario prend avec Nicholas Garrigan, une invention complète, diminue ainsi l'impact que la figure complexe et inquiétante du dictateur aurait pu avoir. Aux rapports privilégiés entre le président et son médecin personnel, des leçons remarquables de séduction et de corruption affective, suit un éloignement du cercle étroit du pouvoir presque frustrant.
Ce décalage dans les préoccupations scénaristiques du film s'accompagne d'une surenchère quelque peu excessive de la part de la mise en scène. Le travail de Kevin Macdonald a beau être dense et visuellement recherché tout au long du film, dès que son héros sent l'étau se resserrer autour de lui, l'aspect formel du film s'emballe jusqu'à s'égarer dans des séquences proches du délire psychédélique. Avec une bande originale tendancieuse en prime, la finale ne tient guère les promesses faites par un début bien plus mesuré.
Quant à l'interprétation de Forest Whitaker, qui sera peut-être nommée aux Oscars d'ici la sortie du film en France, elle correspond certes à tout ce que ce rôle comportait de potentiellement impressionnant. Mais en même temps, elle n'accède pas tout à fait au panthéon de cet acteur remarquable, occupé par trois rôles qui puisaient pleinement dans sa force et sa fragilité (Bird, Ghost Dog et Mary) !

Vu le 24 novembre 2006, au Club de l'Etoile, en VO

Note de Tootpadu: