
Titre original: | Topo (El) |
Réalisateur: | Alejandro Jodorowsky |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 124 minutes |
Date: | 13 décembre 2006 |
Note: | |
El Topo, un mercenaire habillé en noir, arrive avec son fils dans une ville dont tous les habitants ont été massacrés. Il se met à la recherche des coupables, le colonel et ses hommes, et les trouve dans un monastère franciscain. Une fois les assassins châtiés, El Topo s'en va avec la belle Mara dans le désert, abandonnant en même temps son fils chez les Franciscains. Pour lui prouver son amour, Mara exige d'El Topo de se mesurer aux quatre grands maîtres qui habitent le désert.
Critique de Tootpadu
Le plus confidentiel des six films dont parlait Midnight Movies revoit enfin la lumière du projecteur, grâce à l'initiative de Pretty Pictures qui sortira deux semaines plus tard un autre film du trop rare Alejandro Jodorowsky (La Montagne sacrée). Et la mise en bouche et en perspective de cette oeuvre inclassable par le documentaire n'a pour une fois pas trop promis, même si sa découverte est infiniment plus bizarre que l'on ne pensait.
El Topo est en effet un film qui ne répond qu'à ses propres règles, en termes de narration notamment, mais qui reste en même temps très fidèle à l'époque qui l'a vu naître. Révolutionnaire dans la forme et dans le fond, ce western aux aspirations philosophiques adopte parfois le ton virulent d'un Pasolini ou la violence d'un Leone. Mais son mélange très particulier de mysticisme, de christianisme et de perversions de toutes sortes le rend pratiquement insaisissable, telle la rencontre improbable, impossible même, entre la sainteté la plus pure et la corruption viscérale la plus abjecte. La démarche de Jodorowsky se rapproche ici de celle de Tod Browning dans La Monstrueuse parade, puisqu'elle dénonce l'exclusion. Par contre, le film ne se laisse jamais réduire à une seule problématique, à une seule voie d'accusation simpliste, par exemple contre l'église. Car par son style et ses bifurcations scénaristiques inouïes, El Topo constitue peut-être la surprise filmique ultime, l'oeuvre qui n'en fait qu'à sa tête.
Enfin, les réserves que l'on peut émettre contre le film sont vraiment minimes, comme un rythme qui a sporadiquement tendance à s'étirer et une représentation de l'homosexualité (du shérif et de la rivale initiale de Mara) loin d'être valorisante.
Vu le 13 novembre 2006, au Planet Hollywood Champs-Elysées, en VO
Note de Tootpadu: