Hard Candy

Hard Candy
Titre original:Hard Candy
Réalisateur:David Slade
Sortie:Cinéma
Durée:103 minutes
Date:27 septembre 2006
Note:
Depuis trois semaines, Jeff Kohlver, un photographe trentenaire, et Hayley Stark, une jeune fille de 14 ans, tchatent ensembles sur un site de rencontres. Ils se donnent rendez-vous dans un café pour mieux faire connaissance. Après cette première conversation face à face, Jeff propose à Hayley de venir chez lui pour écouter un morceau de musique rare. En insistant sur l'aspect incongru de cette invitation et en prenant toutes ses précautions, l'adolescente accepte. Mais Jeff aurait mieux fait de ne jamais la rencontrer ...

Critique de Tootpadu

Le malaise provoqué par une prémisse malsaine est le plus fort au début de ce film intense, mais en fin de compte guère exceptionnel. Outre les indices qui nous font craindre très tôt que cette rencontre aura une issue malheureuse, la forme léché, notamment lors du trajet en voiture qui ressemble à s'y méprendre à une publicité, est en contradiction flagrante avec la noirceur de l'histoire. Le soin apporté à la lumière et au découpage à ce moment précis accentue encore le mauvais présage qui plane sur cette amitié naissante, ambiguë, entre une adolescente précoce et un trentenaire suspect. Le vilain spectre de la pédophilie est bien plus sensible et menaçant ici que lorsqu'il est abordé de front dans le deuxième acte du film.
Dès que les incertitudes principales sont évacuées, le film progresse en fait sur la voie plus conventionnelle du thriller revanchard. Le jeu du chat et de la souris à huis clos n'est alors pas moins fascinant, et parfois dégoûtant, mais l'ambivalence du début a désormais disparu. Le récit ressemble alors davantage à Extremities qu'à Happiness ou The Woodsman, tellement la cruauté de la victime présumée ne fait pas quartier. D'ailleurs, la complexité du rapport entre les deux protagoniste tente d'assurer la relève de l'échange de séduction plus incertain du début. Mais les quelques revirements plus si originaux, au bout de dix ans de chutes trompeuses depuis Usual Suspects, n'ébranlent plus tellement la logique d'un récit pessimiste qui se clôt sur un résidu d'incertitudes pas assez fourni pour nous satisfaire.
Au moins les quelques tics de la mise en scène, comme ces panoramiques sur les murs pour relier Hayley et Jeff, n'entravent guère l'intensité de l'interprétation. Surtout Ellen Page est saisissante et troublante à la fois. Mais là encore, son rôle perd beaucoup de sa richesse dès qu'elle est obligée de se dresser en geôlière intransigeante.

Vu le 3 août 2006, au Metro, en VO

Note de Tootpadu: