Poseidon

Poseidon
Titre original:Poseidon
Réalisateur:Wolfgang Petersen
Sortie:Cinéma
Durée:98 minutes
Date:14 juin 2006
Note:
Le soir de la Saint Sylvestre, à bord du paquebot imposant Poseidon, des centaines de voyageurs s'apprêtent à accueillir la nouvelle année. Ils ne disposent que d'un avertissement très court, avant que leur bateau ne soit renversé par une vague scélérate. Sens dessus dessous, le Poseidon reste à flot. Alors que le capitaine incite les passagers réunis dans la grande salle de bal d'attendre les secours alertés, un petit groupe de personnes, mené par le joueur Dylan Johns et l'ancien maire Robert Ramsey, tente de regagner la surface en remontant vers la coque du bateau.

Critique de Tootpadu

Le vieux Poseidon et son odyssée renversante ont repris du service dans ce remake d'un des films catastrophes les plus marquants des années 1970. Même si tous les moyens sont mis en oeuvre pour donner une apparence moderne au décor du désastre, notamment grâce à une avalanche d'effets numériques lors du cataclysme initial, les grandes lignes de l'histoire sont forcément inchangées, puisqu'il s'agit toujours d'atteindre la surface dans une course haletante contre la montre et l'eau qui monte. Au fur et à mesure que le groupe de survivants se rétrécit, le drame humain est donc censé prendre le dessus dans ce film d'action déconseillé aux claustrophobes.
Wolfgang Petersen, qui n'est plus un metteur en scène subtil depuis son chef-d'oeuvre Le Bateau, s'emploie en effet à nous mettre plein la vue dès le générique qui décrit un panoramique majestueux, digne d'un Titanic avec dix ans d'expérience en images de synthèse en plus, pour présenter l'immense Poseidon. Un quart d'heure plus tard, au moment de l'intrusion violente de l'eau, il nous fait également exploser le tympan avec des effets sonores qui ne font point dans la dentelle. Et après, la tension retombe considérablement, comme si Petersen n'avait pas trouvé grand intérêt à ce faufilement paniqué à travers un bateau renversé. Certes, le massacre très précisément réparti pendant l'assez courte durée du film des personnages les moins recommandables nous réserve quelques émotions passagères. Mais même le cynisme plutôt réaliste d'un choix cruel au début n'est point maintenu jusqu'à la fin, qui contient son lot de facilités scénaristiques ahurissantes.
En comparaison avec l'un des ancêtres honorables du genre, réalisé par Ronald Neame, il manque plus qu'une chose essentielle à ce seul film catastrophe de la saison d'été 2006. C'est comme si L'Aventure du Poseidon avait perdu toute sa dimension aventureuse dans ce remake aux péripéties passablement excitantes. Les grandes improvisations mémorables de l'original, comme le sapin renversé, ne trouvent que des répercussions pâlichonnes ici. Et la seule astuce intéressante s'avère être une solution à double tranchant, puisqu'elle précipite le naufrage. De plus, et c'est là un inconvénient encore plus pénalisant, la chaleur humaine qui aidait le film de 1972 à flotter encore après les manoeuvres de secours les plus arbitraires est largement absente ici. Le couple improbable du prêtre et du policier d'alors, entouré de personnages en chair et en os comme l'inoubliable Mme Rosen, est remplacé ici par une dynamique de groupe plus variable et finalement moins satisfaisante. Les décès successifs, qui suivent en fin de compte la même logique que dans le film original, ne suscitent par conséquent qu'une réaction blasée, au lieu des émotions assez fortes auparavant.
Un divertissement solide mais pas exceptionnel, ce Poseidon aura au moins le mérite de ne pas attirer une suite inutile dans la veine du Dernier secret du Poseidon. D'un, parce que la finale, qui lorgne une fois de plus vers le mastodonte de James Cameron, laisse peu de place à une éventuelle poursuite de l'aventure, et de deux, parce que l'engouement populaire n'a pas eu lieu pour ce film aux Etats-Unis, où le Poseidon mal en point sombre en dessous des 50 millions de dollars de recettes après trois semaines d'exploitation.

Vu le 1er juin 2006, au Gaumont Marignan, Salle 1, en VO

Note de Tootpadu: