Truman Capote

Truman Capote
Titre original:Truman Capote
Réalisateur:Bennett Miller
Sortie:Cinéma
Durée:112 minutes
Date:08 mars 2006
Note:
En 1959, toute une famille d'un petit village du Kansas est sauvagement assassinée. L'écrivain Truman Capote, accompagné par Harper Lee, se rend sur les lieux du drame dans le but de faire des recherches pour son prochain livre. Rapidement absorbé par l'affaire, Capote se rapproche d'un des assassins présumés, Perry Smith. Pendant tout le procès et la longue attente de la sentence, l'écrivain cherche à percer le secret d'un acte bestial commis par un homme ordinaire.

Critique de Tootpadu

La délicatesse de ce film, qui fonctionne tel un reflet de la personnalité tourmentée de son héros, se retourne presque contre lui. Laissant volontairement de côté toute la partie scandaleuse de l'histoire, cette première oeuvre de fiction de Bennett Miller met plutôt un point d'honneur à sonder la partie sombre de la nature humaine. Le personnage principal apparaît alors comme un être déchiré par ses conflits intérieurs dont il s'échappe à travers son travail. Mais même la consécration professionnelle et l'assurance arrogante, mais pas fausse pour autant, d'avoir accompli un ouvrage littéraire majeur n'ont aucune emprise sur les rancoeurs et les reproches qui dévorent Capote psychologiquement. Cet homme flamboyant et sensible, égoïste et curieux, est fait d'une matière dont les histoires introspectives sont écrites.
L'interprétation nuancée de Philip Seymour Hoffman ne s'impose en rien comme un tour de force qui suscite l'enthousiasme. Au contraire, sa façon de laisser son personnage dans le territoire glissant de l'incertitude est sans doute plus fidèle au résultat ambigu que Bennett Miller et le scénariste Dan Futterman comptaient atteindre. Même si cette conclusion est trop facile, voire démentie par une réplique clef du film sur la façon de classer les gens, le Truman Capote du film est le prolongement de son enfance traumatisée qui se retrouve - hypothèse là encore soutenue par une autre réplique - dans un Perry Smith qu'il ne comprend pas ou ne comprend plus. Ces indications de réception et de lecture du film, brandies d'ailleurs avec un peu trop d'ostentation, n'existent-elles finalement que pour brouiller les pistes et pour cacher la vérité flagrante de l'être insaisissable ?
La richesse sinueuse du scénario est quelque peu muselée par une réalisation soignée, mais trop silencieuse. Il manque en effet aux quelques motifs récurrents (les arbres en hiver) et aux choix esthétiques des plans la force créatrice pour briser le cocon sophistiqué dans lequel s'est réfugié le personnage principal. En quelque sorte, Truman Capote pêche par le même soin respectueux de sa forme qu'une autre oeuvre biographique récente, le Dr Kinsey de Bill Condon, l'audace sexuelle en moins. Car si Capote a le droit d'exprimer toutes ses insécurités, il ne peut pas pour autant se permettre d'embrasser son amant, Jack Dunphy.

Vu le 20 mai 2006, au Reflet Médicis, Salle 2, en VO

Note de Tootpadu: