Dr Kinsey

Dr Kinsey
Titre original:Dr Kinsey
Réalisateur:Bill Condon
Sortie:Cinéma
Durée:118 minutes
Date:06 avril 2005
Note:
En 1948, aux Etats-Unis, Alfred Kinsey publie un rapport historique sur les habitudes sexuelles de ses compatriotes. Ce document fait l'effet d'une bombe. Pour la première fois, le comportement sexuel humain fait l'objet d'une étude scientifique. Son travail déchaîna les passions et déclencha des polémiques qui font encore rage aujourd'hui.
(Source Allociné)

Critique de Tootpadu

Avec la politique sociale qui est actuellement en vogue aux Etats-Unis, ce retour en arrière pour rendre hommage à un des précurseur de la libération sexuelle paraît entièrement nécessaire et opportun. Bien que l'on soit très loin, actuellement, de l'ignorance et de la discrimination d'alors, il est toujours utile de rappeler à quel point cette liberté relative des moeurs est récente et, surtout, fragile et éphémère. Les indices pour un lent retournement de la tendance se multiplient en effet. C'est donc un contexte social, qui aurait tort de feindre son désintérêt, qui accompagne ce quatrième film d'un des très rares réalisateurs américains ouvertement homos.
Après l'accueil très décevant de son magnifique Des dieux et des monstres, carrément privé d'une sortie au cinéma en France, nous ne pouvons qu'être soulagés que ce deuxième film à penchant homo a trouvé grâce auprès des distributeurs, en dépit d'une envergure moindre que le récit des derniers jours de James Whale. Il faut croire que le thème quelque peu controversé leur a semblé suffisamment porteur pour franchir le pas. En tout cas, les réactions dans la salle, notamment un rire général mais empreint d'une certaine hystérie lors de la proposition d'échangisme, démontrent bien que si l'éducation des bases sexuelles ne reste plus à faire, celle de l'ouverture d'esprit ne fait que commencer. Au moins, le baiser langoureux entre Kinsey et son assistant n'a pas suscité d'émoi particulier. Comme quoi, toute proportion et différence du public gardées, on a néanmoins parcouru du chemin depuis l'absence de baiser entre Tom Hanks et Antonio Banderas dans Philadelphia et celui, assez homophobe, dans American Pie 2.
Mais assez des divagations forcément très abstraites sur l'acceptation de l'homosexualité et de toute sexualité hors de la norme majoritaire au cinéma grand public. Mis à part son indéniable intérêt thématique, que vaut cette biographie filmique d'une personnalité apparemment pas très sociable ?
S'il faut reconnaître le courage de Condon de s'attaquer à cette histoire à contre-courant du climat social, on ne peut qu'être un tout petit peu déçu quant à son côté formel. En s'appropriant à bout de bras l'aspect visuel qui correspond à l'époque de l'histoire, le réalisateur fait en effet l'impasse sur une approche stylistique aussi crue que les événements qu'il relate. Un ton en dessous de la référence aux années 1950 de Todd Haynes dans Loin du paradis, sa mise en scène reste alors trop attaché à la beauté affichée et aux couleurs chatoyantes, là où l'on aurait préféré un ton plus direct, moins complaisant. De même, il reprend certaines formes de son film précédent, comme les retours sur l'enfance, mais l'effet est beaucoup moins élégant ici, voire presque contraint.
Enfin, si l'interprétation est tout à fait remarquable, elle a du mal à réellement nous faire pénétrer des personnages très complexes, au carrefour peu étudié entre la science et les pulsations sexuelles.

Vu le 7 avril 2005, à l'UGC Ciné Cité Les Halles, Salle 22, en VO

Note de Tootpadu: