Ne m'envoyez pas de fleurs

Ne m'envoyez pas de fleurs
Titre original:Ne m'envoyez pas de fleurs
Réalisateur:Norman Jewison
Sortie:Cinéma
Durée:96 minutes
Date:02 décembre 1964
Note:
Depuis quelques années, George Kimball est un fanatique de la santé. Il va consulter très régulièrement, et à la moindre petite douleur, il craint le pire. La nouvelle qu'il entend par hasard chez son médecin, que ses jours seraient comptés, le frappe malgré tout comme la foudre. Alors qu'il s'agit d'un malentendu, George croit dur comme fer qu'il ne lui reste plus que quelques semaines à vivre. Il entreprend alors les démarches pour quitter paisiblement cette terre, dont l'achat d'un emplacement au cimetière et la recherche d'un nouveau mari sur lequel sa femme Judy pourra compter.

Critique de Tootpadu

Le cycle des comédies avec Doris Day et notre retour aux sources lointaines de la cinéphilie se termine avec cette comédie empreinte de morosité. Tandis qu'Un pyjama pour deux n'était qu'une répétition paresseuse des pétillantes Confidences sur l'oreiller, ce film-ci fonctionne comme la suite logique des tentatives malhonnêtes des personnages de Rock Hudson de courtiser ceux de Doris Day. L'enjeu sexuel s'est considérablement amenuisé ici, puisque les deux vedettes sont mariées depuis longtemps. Ce qui ne veut pas dire que les malentendus habituels n'ont plus cours, au contraire.
La base même de l'intrigue est en effet l'interprétation morbide d'une information anodine. Pour une fois, les tromperies auxquelles Hudson soumet Day ne sont pas mal intentionnées, mais guidées par le souci un brin tordu de trouver un futur mari à sa femme. Evidemment, il y a toujours le moment clef de la prise de conscience à partir duquel Day prend sa vengeance. Seulement, Hudson a quasiment accompli son parcours de soumission et il devient par conséquent la victime principale de sa propre superchérie. D'ailleurs, le personnage féminin n'est guère plus présent dans ce troisième volet d'une saga officieuse sur l'homosexualité refoulée.
Le meilleur ami par excellence, voire plus si affinités, Tony Randall accède enfin au rang de partenaire à part entière. Pendant la première heure habituelle avant le retournement de la situation, c'est lui qui s'inquiète pour son ami et voisin. Comme par hasard, on ne voit à aucun moment sa femme à l'écran, par contre, il cache à peine son enthousiasme de partager son lit avec Hudson. En somme, nous assistons donc à une sorte de compromis qui libère Day de ses obligations envers son mari, rien que pour se retrouver avec un Hudson bis (le gag de la voiture de sport), et qui laisse le couple "homo" Randall/Hudson vaquer à ses occupations.
Derrière une couche épaisse de prétextes assez idiots, le film se permet une proposition imparfaite pour tenir compte de l'orientation sexuelle de sa vedette. Cette façon de tourner maladroitement autour du pot met toujours autant mal à l'aise. Par contre, rétrospectivement, il faut s'étonner que la révélation de l'homosexualité de Rock Hudson peu de temps avant sa mort en 1985 ait été un tel choc pour le grand public, alors que les indices étaient des plus clairs rien que dans ce film.

Revu le 1er mai 2006, en DVD, en VO
Revu le 16 septembre 2009, en DVD, en VO

Note de Tootpadu: