Mur invisible (Le)

Mur invisible (Le)
Titre original:Mur invisible (Le)
Réalisateur:Elia Kazan
Sortie:Cinéma
Durée:119 minutes
Date:00 septembre 1948
Note:
Le journaliste Philip Schuyler Green est invité à New York pour écrire une série d'articles pour un grand journal. Lorsqu'il apprend que le sujet de son travail sera l'antisémitisme, il n'est d'abord guère enthousiaste. Mais dès lors qu'il a trouvé une approche originale, il devra se rendre compte que les préjugés sont plus répandus qu'il ne le pensait.

Critique de Tootpadu

Hollywood aime bien se donner une allure de conscience morale de la société américaine de temps en temps. Ces productions de prestige récoltent ainsi régulièrement les récompenses les plus importantes, et donnent une image idéalisée de ce qui n'est au fond autre chose qu'une économie avec ses lois commerciales rigides. Si ces films oh si noblement conçus sont bien faits, ils peuvent néanmoins servir d'exemple, et pour l'état d'esprit d'une époque, et pour le maintien d'une conscience au quotidien.
Ce quatrième film d'Elia Kazan porte ainsi bien les marques de son époque, pour ne pas dire qu'il lui est difficile de cacher son âge. Cet ancrage ferme dans l'après-guerre immédiat est encore plutôt plaisant lorsqu'il s'agit d'observer les usages d'antan (les informations d'emplacement données à tout bout de champ par des employés, là où l'on ne trouverait plus qu'un panneau indicatif de nos jours). Mais d'autres aspects font déjà beaucoup plus vieillot, comme notamment l'intrigue sentimentale qui voit les deux amants envisager le mariage après seulement deux, trois rendez-vous. De même, la structure narrative est assez laborieuse, surtout au début, jusqu'au moment où Green a enfin le déclic pour entamer ses recherches, après une bonne demi-heure de film.
Ces considérations pratiquement historiques mises à part, Le Mur invisible tente courageusement de dénoncer les préjugés et l'hypocrisie de la société américaine. Ses accusations, aussi appuyées et bien intentionnées soient-elles, peuvent en effet être transposées sur d'autres champs de discrimination rampante, comme le racisme ou l'homophobie. Le principal adversaire des propos du film est ainsi la complaisance des gens modérés, qui ne se livreraient jamais à des actes haineux, mais qui ne font rien non plus pour combattre, ou au moins désapprouver publiquement l'intolérance. Un peu à l'image de Collision, qui voyait des racistes partout, mais d'une façon plus soignée et moins tendancieuse, le film d'Elia Kazan invite ses spectateurs au courage civique et à la défense d'un idéal social peut-être trop naïf. C'est aussi cela le cinéma : rêver d'un monde meilleur où tout le monde vit ensemble sans discrimination. Une leçon qui nous est administrée ici avec un trait parfois un peu lourd (tous les discours valeureux), mais aussi avec une foi et une innocence qui ne peuvent que forcer le respect, surtout seulement quelques mois après la découverte des camps d'extermination des nazis.

Revu le 11 avril 2006, en DVD, en VO

Note de Tootpadu: