Collision

Collision
Titre original:Collision
Réalisateur:Paul Haggis
Sortie:Cinéma
Durée:112 minutes
Date:14 septembre 2005
Note:
Deux voleurs de voitures. Un serrurier mexicain. Deux inspecteurs de police qui sont aussi amants. Une femme au foyer et son mari, district attorney. Tous vivent à Los Angeles. Eux et beaucoup d'autres ne se connaissent pas, leurs vies n'auraient jamais dû se croiser. Pourtant, dans les prochaines 36 heures, leurs destins vont se rencontrer, révélant ce que chacun voulait cacher ou ne pas voir...
(Source Allociné)

Critique de Tootpadu

Le racisme au quotidien n'est pas vraiment un sujet très prisé dans le cinéma américain contemporain. Pour des raisons sociales et économiques très diverses, la machine hollywoodienne s'est arrangée à mettre le public autre que blanc dans des ghettos, alimentés avec une certaine condescendance par des produits très ciblés (les éternels Barbershop, On arrive quand ?, etc., critiqués avec pertinence par Chris Rock lors de la dernière cérémonie des Oscars), ou bien par des odes bien pensantes qui célèbrent l'Afro-américain très propre sur lui, Denzel Washington. Même le cinéma généralement très engagé d'un Spike Lee ne fait, au fond, que colporter, et au mieux accuser, des stéréotypes. Ce regard de la fiction dominante ne rend cependant guère compte de la difficulté accrue, comme nous l'a démontré cruellement la catastrophe Katrina, de faire partie d'une ethnie minoritaire dans un pays qui est passé du mythe du "melting pot", à une culture de préjugés et de méfiance.
Le deuxième film de cinéma de Paul Haggis, après le très obscur Red Hot il y a plus de dix ans, insiste au contraire sur le comportement teinté de racisme d'une petite douzaine de personnages pendant deux jours à Los Angeles. Dans son microcosme de coïncidences et de rencontres improbables, tout tourne en effet autour du rapport racial entre les différentes souches de la société. La police sert ainsi de lien entre les hautes sphères de la politique et de l'industrie du divertissement et la basse cour avec ses voleurs, ses drogués, et ses artisans immigrés qui croient encore, presque naïvement, au rêve américain. Certes, la structure de cette construction narrative est fortement schématique et faire croire que tous ces individus se rencontrent, d'une façon ou d'une autre, dans même pas 48 heures relève de la licence de la fiction. Mais par son insistance sur le malaise d'être Américain aujourd'hui, dans une culture qui prône l'assimilation forcée et qui laisse une grande partie de la population pour compte, il sait mettre le doigt là où ça fait mal.
Haggis n'apporte point de réponse à ce dérèglement social permanent, il laisse juste entrevoir un espoir minimal que, peut-être de temps en temps, un individu par-ci, par-là, prendra conscience de sa condition. Cette lucidité modérée le laisse sombrer dans le pessimisme ou bien dans des revirements un peu trop improbables (le plus méchant au début, qui est par ailleurs le seul à disposer d'un discours sur son identité sociale abusée, devient le plus grand bienfaiteur à la fin, tandis que le plus valeureux est au bout du compte le seul qui a du sang sur les mains). Il n'en reste pas moins qu'il fait l'effort de s'interroger sur des tabous relatifs d'une culture loin d'être parfaite.

Vu le 27 septembre 2005, à l'UGC Ciné Cité Bercy, Salle 31, en VO

Note de Tootpadu: