Du sang dans le désert (The Tin Star)

Du sang dans le désert (The Tin Star)
Titre original:Du sang dans le désert (The Tin Star)
Réalisateur:Anthony Mann
Sortie:Cinéma
Durée:93 minutes
Date:14 février 1958
Note:
Le chasseur de primes Morgan Hickman arrive dans une petite ville de l'ouest avec un cadavre posé sur son cheval. Il est venu récolter les 500$ mis sur la tête du voleur. En attendant que l'argent lui est envoyé, Hickman a le temps de se rendre compte de la situation précaire dans la ville. Avec le jeune et inexpérimenté Ben Owens comme shérif, le truand local Bart Bogardus n'est guère inquiété dans ses activités illicites. Réticent d'intervenir, Hickman acceptera finalement de donner quelques conseils à Owens, qui doit rester en vie pour signer le reçu de la prime.

Critique de Tootpadu

Est-ce qu'il vaut la peine de s'accrocher à ses principes et à ses responsabilités, même si l'on se trouve dans une situation fortement défavorable ? A cette question, ce très bon western tente de répondre d'une façon intelligente, en dépit d'une fin heureuse qui atténue quelque peu la noirceur précédente du propos. Placé chronologiquement en plein milieu de deux films excellents qui lui ressemblent (Le Train sifflera trois fois pour l'isolation du shérif, et L'Homme qui tua Liberty Valance pour l'apprentissage d'un maladroit qui s'est mis dans l'embarras), il traite également de sujets délicats, qui étaient loin de faire l'unanimité à l'époque, comme le métissage racial. Certes, le scénario se montre un peu frileux, puisque les personnages mi-indiens se trouvent aux deux extrêmes de l'échelle des valeurs morales. Entre le petit garçon qui est une promesse très optimiste pour un futur plus tolérant, et les deux frères brigands qui s'en prennent même à un personnage secondaire, porteur d'un humanisme sans faille, la différence est en effet très grande et la vérité, et un traitement filmique plus adapté, se trouveraient plutôt au milieu de ces deux représentants exacerbés d'une même origine. Toutefois, la facilité des jugements et les bons sentiments n'ont guère cours pendant la majeure partie du film. Notamment le personnage de Hickman, interpreté par un Henry Fonda encore rempli d'une noblesse meurtrie, avant de retourner sa veste dix ans plus tard dans Il était une fois dans l'Ouest, distille une sagesse acquérie par la vie qui prend parfois un ton didactique, mais qui a aussi déjà fait le deuil de toute illusion (peu importe, là encore, le retournement final).
La mise en scène d'Anthony Mann est, comme d'habitude, d'une précision impressionnante. Il lui manque le regard attachant d'un John Ford, mais sa façon presque neutre de conter son histoire n'est pas pour autant moins efficace. Enfin, la partition d'Elmer Bernstein laisse présager ses bandes originales ultérieures légendaires.

Vu le 22 février 2006, à la Cinémathèque Française, Salle Henri Langlois, en VO

Note de Tootpadu: