Train sifflera trois fois (Le)

Titre original: | Train sifflera trois fois (Le) |
Réalisateur: | Fred Zinnemann |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 81 minutes |
Date: | 01 juillet 1952 |
Note: | |
Le shérif Will Kane de la petite bourgade Hadleyville vient juste de se marier et abandonne ses fonctions à la demande de son épouse. Sur le point de quitter la ville, il reçoit la nouvelle de l'arrivée imminente, dans le train de midi, de Frank Miller, un criminel grâcié qu'il avait arrêté quelques années plus tôt pour meurtre. Alors que le temps presse, Kane doit se rendre compte que les habitants de Hadleyville ne sont guère empressés d'affronter avec lui la bande de Miller.
Critique de Tootpadu
Nous avons beau être sceptiques en vue des premières images qui forment un générique seulement rendu intéressant par la présence du jeune Lee Van Cleef et de la chanson emblématique, ce western de légende nous a une fois de plus entièrement fasciné par la suite. Comment ne pas être balayé en effet par la tension qui monte avec chaque minute qui passe ? Comment résister au pessimisme du tableau social qui est peint devant nous, avec chaque personnage qui abandonne Kane comme un trait de noirceur sur le portrait de la nature humaine ? Comment ne pas apprécier le montage tendu, la mise en scène magistrale, les interprétations incroyablement justes ?
Délibérément pauvre en action, le film sait admirablement tirer profit de l'attente. Cet état expectatif n'est cependant nullement dévoué à l'oisiveté, mais à une mise au point cinglante sur la solidarité humaine, ou plutôt son absence. Fonctionnant autant comme une course contre la montre que comme une analyse de comportement, le film garde dans tout son mépris une certaine noblesse. On pourrait se débarrasser de celle-ci un peu trop facilement en la transférant au personnage de Kane, un combattant solitaire et stoïque contre le mal. Sauf que ce pauvre shérif n'opère qu'un seul choix dans tout le film - celui de rester - et qu'il se demande, refus après refus, ce qui a bien pu le prendre de décider une chose pareille. Ce dilemme, cette absence de grandeur réelle rend le film dans son ensemble encore plus mesuré et moins adepte des schémas conventionnels du bien et du mal. Puisque même le méchant du film a une certaine légitimité (acquitté par la cour, apprécié par quelques membres de la population), le combat de Kane prend des allures d'entêtement illusoire, d'opposition naïve au cours du monde. Et c'est aussi pour cela que sa victoire arrive sans aucune gloire ...
Si ce plaidoyer social fonctionne toujours aussi bien de nos jours, plus d'un demi-siècle après sa création, et à la différence des films également réalisés par Stanley Kramer, qui figure ici uniquement en tant que producteur, qui ont pris un sérieux coup de vieux avec le temps, si tout est donc réuni pour en faire un chef-d'oeuvre intemporel, cela est dû à l'excellence de son exécution. D'abord l'interprétation, avec la prestation d'un ensemble d'acteurs remarquables, au choix des rôles parfaits, du plus petit (Van Cleef n'a même pas une seule réplique) jusqu'au plus grand (Cooper dans un rôle légendaire qu'il remplit à la perfection : à la fois inquiet et ferme). Ensuite des contributions techniques irréprochables, que ce soit une bande originale menaçante ou la précision incroyable du montage qui crée presque à lui tout seul un rythme endiablé. Et enfin une mise en scène jamais pompeuse, d'une acuité redoutable, qui confère à cette histoire qui se passe à travers toute une ville un sens de confinement digne d'un huis clos.
Tout simplement un des meilleurs westerns qui soient, même à l'énième vision !
Revu le 18 mars 2005, en DVD, en VO
Revu le 16 décembre 2005, en DVD, en VO
Revu le 19 septembre 2006, en DVD, en VO
Note de Tootpadu: