Babycall

Babycall
Titre original:Babycall
Réalisateur:Pal Sletaune
Sortie:Cinéma
Durée:95 minutes
Date:02 mai 2012
Note:
Avec l’aide des services sociaux, Anna et son fils Anders ont trouvé refuge dans un immeuble résidentiel. Afin d’éviter que son mari violent les retrouve, Anna garde toujours son fils près d’elle. Pour se rassurer qu’il dort tranquillement dans la chambre d’à côté, elle va jusqu’à acheter un babycall. Une nuit, elle capte des cris inquiétants provenant d’un autre appartement. Peu de temps après, Anders ramène pour la première fois un ami à la maison, un garçon pâle et taciturne dont la présence ne va pas calmer l’esprit agité d’Anna.

Critique de Tootpadu

Du point de vue de la mise en scène, il n’y a strictement rien à redire au quatrième film de Pal Sletaune. Une tension dramatique et – encore plus important – un climat d’insécurité et de perte des repères y est palpable du début jusqu’à la fin, ou presque. Grâce également à l’interprétation fascinante de Noomi Rapace, complètement apeurée et soumise là où le rôle emblématique qui l’avait révélée au public international possédait un instinct de survie féroce, nous sommes fascinés par l’histoire de cette femme émotionnellement et psychologiquement désemparée, face à cette nouvelle situation de précarité due à son drame familial. Le scénario de Babycall a beau multiplier les pistes, Anna avec ses peurs et ses fantasmes y reste toujours le point d’intérêt principal, la base fragile à partir de laquelle le récit pourrait s’épanouir.
Comme dans la plupart des thrillers psychologiques, la construction mentale savamment élaborée pendant la première heure de ce film norvégien s’écroule plutôt misérablement lors du dénouement, qui met en perspective tous les éléments auparavant étranges dans le contexte d’un délire peu crédible. Toutes les subtilités qui avaient rendu l’intrigue touchante jusque là, comme la relation hésitante entre Anna et Helge – peu de temps après Les Révoltés de l’île du diable un deuxième personnage remarquable pour Kristoffer Joner – sont ramenées à cette occasion à leur explication la plus banale possible. Dans ce genre en particulier, il existe certes une obligation tacite de tirer in extremis les choses au clair pour ne pas laisser partir le spectateur dans le doute sur ce qu’il vient de voir. Mais dans le cas présent, cette sorte de service après-vente est assurée d’une manière d’autant plus décevante que sa préparation minutieuse laissait espérer une conclusion plus recevable.
Le dernier film de la compétition a finalement remporté le Grand prix de ce festival de Gérardmer. Alors que nous n’avons nullement l’intention de contester ce choix, puisque cette année les découvertes se faisaient plutôt dans les sélections parallèles, il est néanmoins symptomatique d’un groupe de films dans l’ensemble très solide, mais hélas dépourvu d’une révélation qui irait au delà de la simple confirmation du talent de son actrice principale, comme ce fut essentiellement le cas avec ce film-ci.

Vu le 29 janvier 2012, à l’Espace Lac, Gérardmer, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Le cinéma norvégien n’est guère un cinéma bien répandu. Ce film ne laissait rien présager de mémorable pourtant sur un schéma simple : une jeune femme, vivant recluse avec son fils dans un immeuble de banlieue pour échapper à un mari violent, se demande peu à peu si elle n’est pas en train de sombrer dans la folie. Le schéma ressemble donc assez aux histoires de fantômes japonais pullulant dans les années 1990 sur nos grands écrans (Dark water), mais l’histoire se laisse regarder par la justesse du ton du film.

Tout comme dans les œuvres littéraires de Stephen King, le film s’ancre dans un réalisme total pour se diriger vers un univers fantastique. L’achat des babycall par l’héroïne lui fera entendre des pleurs d’un enfant de l’immeuble où elle vit. Peu à peu, le film vire au climat horrifique. Le manque d’effets chocs ne permet pas au spectateur de s’attacher totalement à la peur ressentie par cette femme.

Le scénario mise sur des effets alimentant la paranoïa, mais son tempo trop lent fait que nous avons du mal à nous plonger totalement dans l’histoire ici contée. L’atout principal du film tient à l’interprétation une nouvelle fois brillante de Noomi Rapace. Elle rend le film aussi attachant que le portrait de la femme meurtrie qu’elle personnifie. Dommage que le scénario manque de profondeur et de rebondissements, car pour son quatrième film la réalisation de Pal Sletaune est très inspirée et renforce le côté noir de cette œuvre.

Ce film, qui a obtenu malgré tout le Grand prix du 19ème festival de Gérardmer, brille par son académisme et témoigne d’une sélection officielle faible cette année, hormis le prodigieux Eva. Les votes du jury semblent revenir uniquement au mérite de l’actrice principale de ce film que nous avons retrouvé avec plaisir entre-temps dans l’excellent Sherlock Holmes 2.

Vu le 29 janvier 2012, à l’Espace Lac, Gérardmer, en VO

Note de Mulder: