Teenage paparazzo

Teenage paparazzo
Titre original:Teenage paparazzo
Réalisateur:Adrian Grenier
Sortie:Cinéma
Durée:91 minutes
Date:00 2010
Note:
En tant que vedette de la série « Entourage », l’acteur Adrian Grenier a vécu de première main le revers de la médaille de la célébrité. Traqué au moindre pas qu’il fait en public par une horde de paparazzi, Grenier croit revivre en vrai l’histoire de son personnage fictif. Un jour, il est interpellé par un paparazzo pas comme les autres : Austin Visschedyk n’a que treize ans, mais il fait déjà la chasse aux stars comme un professionnel. Intrigué par cet adolescent précoce, l’acteur cherche à faire sa connaissance, afin de mieux comprendre le phénomène des paparazzi.

Critique de Tootpadu

La boucle est bouclée dans la sélection des documentaires de ce festival de Deauville, avec ce regard sur les paparazzi depuis l’intérieur et du point de vue d’un photographe débutant, aux antipodes de Smash his camera de Leon Gast. Austin Visschedyk ne deviendra probablement jamais le nouveau Ron Galella. Mais les enseignements qu’on peut tirer de son parcours fulgurant, quoiqu’éphémère, se recoupent curieusement avec ceux de l’hommage rétrospectif à un des photographes les plus durablement effrontés. Le choix d’un sujet à l’âge avancé ou, au contraire, d’une jeunesse peu commune dans l’exercice de ce métier particulier est plutôt révélateur dans un contexte aussi décrié que celui des paparazzi. Il semblerait qu’il nous faut des points de référence naturellement attachants, comme un vieillard ou un jeune en quête de sa voie, afin de nous rendre réceptifs à un traitement sans préjugés sur la caste des parias des médias, qui nous fournissent pourtant la nourriture visuelle pour assouvir notre appétit de potins.
Contrairement au documentaire précité, qui se concentrait presqu’exclusivement sur l’illustre carrière de Ron Galella, l’acteur devenu pour l’occasion réalisateur Adrian Grenier a choisi une approche plus globale de la question des paparazzi. Indirectement obligé à élargir son horizon de réflexion par le parcours bref d’Austin Visschedyk et par la réticence grandissante de ce dernier par peur de se laisser potentiellement exploiter, ou au moins de se faire exclure des bons tuyaux, à cause de sa participation, Grenier place la passion juvénile de son sujet dans un contexte agréablement ludique. Assuré de la participation de ses amis, comme l’égérie des paparazzi Paris Hilton, il peut explorer plusieurs axes qui permettent de mieux comprendre ce microcosme aux règles quelque peu barbares. Il passe ainsi alternativement devant et derrière la caméra, il interroge des spécialistes des médias ou de simples fans enthousiastes au premier degré, et il suit avec une sympathie bienveillante le parcours d’Austin dans la frénésie de cette course à la photo mémorable, et surtout susceptible d’être vendue très chère.
Point de révélations assourdissantes dans ce récit accessoirement informatif d’une amitié naissante, et pas de constat nostalgique non plus sur le caractère passager de la gloire : juste une façon plutôt ingénieuse de s’approprier l’objectif et de le diriger sur une profession vilipendée par tous. C’est là une attitude infiniment plus enjouée et constructive de la part d’Adrian Grenier, qui subit lui-même les excès de la chasse aux scoops, que celle qu’a adopté jadis Jackie Onassis, qui pensait naïvement qu’elle pourrait endiguer l’épidémie de l’autopsie de la vie des stars en fracassant les appareils photo.

Vu le 6 septembre 2010, au C.I.D., Deauville, en VO

Note de Tootpadu: