Smash his camera

Smash his camera
Titre original:Smash his camera
Réalisateur:Leon Gast
Sortie:Cinéma
Durée:90 minutes
Date:06 décembre 2011
Note:
En 1967, l’objectif du photographe Ron Galella avait capturé pour la première fois un cliché de Jackie Kennedy Onassis, la veuve du président et l’épouse de l’armateur grec. Dès lors, ce précurseur des paparazzi a développé une obsession pour cette célébrité, qui s’était défendu de son harcèlement à travers plusieurs procès, allant jusqu’à ordonner à ses gardes du corps de fracasser sa caméra. A désormais près de 80 ans, Ron Galella court toujours après les peoples, même s’il tire toute sa fierté de son immense archive de plusieurs millions de photographies, figeant des moments cocasses dans la vie des vedettes d’antan et de celles qui font exploser les tirages de la presse people de nos jours.

Critique de Tootpadu

L’obsession avec la célébrité, ce monde si séduisant qui repose sur une perte totale de la vie privée – une notion de toute façon caduque de nos jours où tout le monde, ou presque, cherche à s’exposer sur la place publique des réseaux sociaux virtuels -, elle a bien dû commencer à un moment ou un autre. Longtemps avant que les frasques de Lindsay Lohan et Amy Winehouse ne monopolisent artificiellement l’attention des masses, il y avait l’ère des vraies stars, capables de nous faire rêver, voire fantasmer, là où les pseudo-célébrités actuelles, sorties pour la plupart du processus douteux des compétitions diffusées sur les chaînes privées en début de soirée ne nous inspirent généralement qu’un sentiment de pitié blasée. Les Brando, Newman, Taylor et Burton, Lady Di, et Jackie Onassis, ils ont aussi bénéficié de l’aura propre à un rêve intouchable parce que leur vie en dehors de leur métier donnait matière aux suppositions plus ou moins idéalisées, remises à leur juste place par des photos prises sur le vif. Si ce n’était pour des obsédés de l’image candide comme Ron Galella, on serait peut-être encore au stade de la publicité aseptisée, avec laquelle les studios construisaient l’image improbable de l’âge d’or de Hollywood. Autant les méthodes du paparazzo superstar autoproclamé au cœur de ce documentaire informatif et divertissant n’ont pas la moindre considération pour le respect des courtoisies sociales de base, comme le code de la route ou le droit à la vie privée. Autant son héritage nous laisse un témoignage visuel sur une époque disparue à jamais, engloutie sous la tempête de flashs qui accompagne désormais la moindre apparition d’une personnalité à la réputation sulfureuse.
La mise en scène de Leon Gast est heureusement assez intelligente pour ne pas faire de son sujet un héros incompris. La contribution de Ron Galella au culte démesuré de la célébrité n’est jamais embellie, surtout pas à travers les interventions de ses collègues, ses employeurs et ses avocats. D’un point de vue humain, l’image que Smash his camera donne de Galella est davantage celle d’un gamin désormais un peu gâteux, auquel il est facile de pardonner ses faux pas. Son narcissisme inhérent, reflété dans les nombreuses photos qui le montrent en l’exercice de son métier - comme si au fond c’était lui la vedette et pas le pauvre acteur, chanteur ou artiste qui cherchait à s’extraire farouchement du champ de vision de son objectif -, son amour pour les lapins et les plantes du jardin artificiels, et sa ténacité digne d’un bulldog ne le rendent certainement pas sympathique. Mais ce vieux pépé qui fait encore la ronde des tournages, des premières et des réceptions officielles, dans l’espoir d’immortaliser un moment marquant de plus dans la mémoire collective, ou tout au moins de se mettre lui-même en scène par le biais de son propre livre, il a aussi quelque chose de profondément attachant, comme la relique d’une époque dont les idoles sont pour la plupart déjà trois pieds sous terre et, hélas, majoritairement oubliés.
Sur les notes de la chanson mélancolique « I’ll be seing you », interprétée ici par Iggy Pop et Françoise Hardy, mais employée dans un contexte tout aussi nostalgique récemment lors de la nécrologie d’une des dernières cérémonies des Oscars, ce documentaire conventionnel, mais assemblé avec un savoir-faire indéniable – à l’exception du retour un peu tardif sur le procès initial de Jackie Onassis – entonne donc le chant de cygne touchant d’une époque, dont la jeune génération américaine est largement ignorante, mais dont les photos de l’incorrigible Ron Galella nous laissent au moins quelques empreintes précieuses.

Vu le 4 septembre 2010, au Casino, Deauville, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

En raison d'une semaine étriquée - des obligations professionnelles m'ayant obligé de rentrer travailler sur Paris trois jours pendant ce festival –, je n'aurai vu qu'un seul documentaire cette année et malheureusement, ce ne fut pas un bon cru. Smash his camera, sur un paparazzi, tourne vite à vide et n'est guère flatteur pour ces photographes extrêmes.

Un documentaire est un documentaire et un film, un film. Dans le premier, on constate et témoigne de faits passés ou présents, dans le second, on narre une histoire sur des faits fictifs ou non. L'incorporation de documentaires au festival de Deauville est un bon concept dans le sens qu'il témoigne de l'état d'esprit américain actuel. Ce documentaire-ci n'est cependant guère innovant et n'apporte aucune connaissance mémorable.

Vu le 5 septembre 2010, au Casino, Deauville, en VO

Note de Mulder: