G.I. Joe Conspiration

G.I. Joe Conspiration
Titre original:G.I. Joe Conspiration
Réalisateur:Jon M. Chu
Sortie:Cinéma
Durée:110 minutes
Date:27 mars 2013
Note:
Sous le commandement de Duke, l’unité d’élite américaine des G.I. Joes mène des missions périlleuses en Corée du Nord et au Pakistan. Lors de cette dernière, les soldats de l’équipe spéciale doivent mettre en lieu sûr des armes nucléaires. Alors que l’opération se déroule sans le moindre contretemps, les G.I. Joes en attente de leur rapatriement sont pris pour cible lors d’une attaque aérienne, au cours de laquelle la plupart d’entre eux sont tués. Seuls le commandant Roadblock, Lady Jaye et Flint s’en sortent de justesse. Les trois rescapés ne pourront alors compter que sur eux-mêmes pour remonter jusqu’à l’origine de cette trahison. Leur enquête les mène jusqu’au président américain, qui prend depuis quelque temps des décisions politiques en faveur de la mystérieuse organisation terroriste Cobra.

Critique de Tootpadu

Les Etats-Unis d’Amérique, ce sont McDo et Coca Cola, Disney et Las Vegas, Hollywood et New York. C’est également la prérogative aussi prétentieuse que datée de régner sur un monde auquel il faudrait imposer à tout prix ses valeurs commerciales et morales. Curieusement, la seule entreprise encore attachée, sans le soupçon d’une nuance, à cette philosophie risible de la suprématie américaine semble être le fabricant de jouets Hasbro, dont les productions cinématographiques, de la saga Transformers à ce deuxième film de l’univers G.I. Joe, en passant par le tout aussi simpliste Battleship de Peter Berg, font platement l’apologie d’une idéologie unidimensionnelle. Rien ne peut en effet arrêter l’état d’esprit hautement militarisé, voire machinalement perfectionné, qui y prévaut, ni l’invasion d’extra-terrestres, ni des adversaires machiavéliques qui préfèrent la destruction gratuite à la construction tellement intéressée et bien intentionnée qu’elle en perd toute son humanité.
G.I. Joe Conspiration cherche vainement à conférer à cette propagande tendancieuse un air de spectacle tonitruant. Hélas, les scènes de combat sont trop bâclées et les séquences de camaraderie entre Duke et Roadblock – rajoutées après coup pour tenir compte de la popularité grandissante de Channing Tatum – trop factices pour dissiper notre impression fâcheusement persistante d’assister à la mauvaise copie d’un James Bond. Les décors internationaux s’enchaînent sans la moindre suite logique et l’absence d’une empreinte ferme, d’un point de vue esthétique et narrative, de la part de la mise en scène de Jon M. Chu rend ce divertissement bourrin tout juste acceptable.
Enfin, la 3D – elle aussi un supplément de dernière minute tout à fait dispensable – ne sert qu’à deux choses : à nous permettre d’admirer les muscles saillants de Dwayne Johnson et de Byung-hun Lee dans toute leur splendeur, ainsi qu’à nous impressionner brièvement lors de la seule scène d’action magistrale du film. Si tous les affrontements avaient fait preuve de la même acrobatie étonnante que celui à travers les montagnes pour capturer Storm Shadow, on aurait été plus disposé à la clémence à l’égard d’une intrigue sans tête, ni queue. Car c’est peut-être son contexte politique complètement fantaisiste qui discrédite cette fantaisie impérialiste américaine plus que tout, avec en point d’orgue une réunion d’urgence des chefs d’état pour mettre un terme à la course à l’armement nucléaire, qui nous fait encore plus apprécier le ton mille fois plus sophistiqué du Docteur Folamour de Stanley Kubrick.

Vu le 1er avril 2013, à l’UGC Ciné Cité Bercy, Salle 31, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

En 2009 sortait sur nos grands écrans le film G.I. Joe Le Réveil du Cobra mis en scène brillamment par Stephen Sommers (La Momie, Van Helsing). Ce film mettait en place des personnages prometteurs comme Conrad Duke Hauser (Channing Tatum), Snake eyes (Ray Park) et Storm Shadow (Lee Byung-hun) et le président des Etats-Unis (Jonathan Pryce). Quatre années plus tard débarque donc sur nos grands écrans la suite des aventures de ces personnages. L’un d’entre eux, qui avait pourtant tout pour être le personnage principal, sera éliminé dès le début du film. Il s’agit d’un choix curieux de proposer à un jeune metteur en scène qui n’avait brillé que dans des films relatifs au milieu musical (Sexy dance 2 et 3 et un documentaire sur Justin Bieber). Ce changement de registre se révèle être gagnant car certaines scènes sont des plus spectaculaires. Le scénario n’est guère des plus originaux et se révèle être uniquement un moyen de relier des scènes, plus spectaculaires les unes que les autres.

Les deux scénaristes Paul Wernick et Rhett Reese avaient déjà travaillé ensemble sur le film Bienvenue à Zombieland (2009). Ils troussent ici un prolongement au premier film tout en incorporant un nouveau personnage principal, interprété par Dwayne Johnson (The Rock) dans le rôle de RoadBlock. La première excellente idée est l’explication du nom de cette unité d’élite, en ralliant à la troupe le premier G.I. Joe, soit Joe Colton (Bruce Willis). La seconde est d’avoir modifié la première version du film en incluant une 3D très bien utilisée. Cette seconde version cependant voit une plus grande présence de l’acteur Channing Tatum devenu bankable entre-temps. Celui-ci partage donc deux scènes de plus avec Dwayne Johnson qui sont malgré tout guère palpitantes (une partie de jeux vidéo et une scène de tir au fusil sur une bougie).

Reste que ce film se veut dans la continuité du film XXX de Rob Cohen en remplaçant Vin Diesel par The Rock, mais en gardant un sens du grand spectacle indéniable. Certes, ce film qui lorgne beaucoup vers une approche très comics du cinéma, beaucoup d’effets spéciaux, des scènes de combat dantesques, de l’humour bien calibré, fait que ce film reste un plaisir coupable total. Cet excellent divertissement se rapproche plus d’une attraction que l’on pourrait trouver à Universal Studios que d’un simple film d’action traditionnel. Ainsi, tout semble ici rassemblé tel un excellent produit marketing pour plaire à un grand public. En exploitant une licence de comics créé en 1942 et transformée par la suite dans le domaine du jouet par la compagnie Hasbro (figurines articulées). Ce film exploite au mieux le fait de divertir, tout en plaçant comme l’avait si bien fait le film de Steven Spielberg, des produits dérivés.

Certes, le film aurait encore gagné à avoir une meilleure photographie et en creusant un peu plus la profondeur des personnages, mais le résultat reste des plus attractifs pour être plébiscité et être découvert impérativement au cinéma dans d’excellentes conditions.

Vu le 1er avril 2013 au Gaumont Disney Village, Salle 01 , en VF

Revu le 21 juillet 2013 en DVD

Note de Mulder: