Battleship

Battleship
Titre original:Battleship
Réalisateur:Peter Berg
Sortie:Cinéma
Durée:131 minutes
Date:11 avril 2012
Note:
Après avoir découvert une planète habitable dans une autre galaxie, les scientifiques de la NASA y envoient à intervalles réguliers des messages, afin de savoir si une espèce comparable à celle de l’homme y existe. La réponse ne se fait pas attendre, puisque cinq vaisseaux spaciaux atterrissent sur Terre, dont trois en plein océan pacifique, où la marine américaine est en train de conduire une manœuvre à grande échelle. Le navire de l’officier Alex Hopper est pris au piège dans une zone contrôlée par les extra-terrestres. Alors que l’amiral Shane est mis à l’écart par un mur d’ondes impénétrable et que sa fille Sam, amoureuse de Hopper, fait une randonnée dans les montagnes hawaïennes, il revient à ce jeune homme impétueux de sauver la planète.

Critique de Tootpadu

L’armée américaine a beau être malmenée sur tous les fronts, avec les guerres en Iraq et en Afghanistan qui se terminent laborieusement, il lui reste encore assez d’une aura mythique pour galvaniser les capitaux hollywoodiens, qui ont investi des centaines de millions de dollars dans ce film de propagande forcément anachronique. Ce n’est pas depuis Independence day de Roland Emmerich – qui a tout de même déjà plus de quinze ans – que nous avons été soumis à un tel lavage de cerveau, efficace et risiblement tendancieux, en hommage aux hommes et femmes en uniforme. Aucun poncif n’est en effet épargné dans Battleship pour dresser un monument filmique plus grand que nature en l’honneur d’une idée patriotique, plus que d’une réalité qui se présente ces jours-ci dans des couleurs sensiblement moins rose bonbon que le recours éhonté aux vétérans d’hier et d’aujourd’hui veut le faire croire.
Cependant, si l’on met de côté les réserves idéologiques considérables qu’un tel film nous inspire immédiatement, il y a de quoi être bluffé par l’énergie que la narration dépense sans compter pour tout faire péter environ toutes les quinze minutes. Le réalisateur Peter Berg ne fait certes que copier bêtement la recette de l’action ininterrompue que des confrères à la réputation aussi douteuse qu’un Michael Bay ont élaborée longtemps avant lui. Mais contrairement à ses films précédents, plutôt catastrophiques, il laisse libre cours à l’excès ici, sans se soucier du bien-fondé de l’intrigue ou de la finesse des répliques aussi peu originales que la prémisse d’une invasion d’extra-terrestres hostiles. Le divertissement musclé, voire bourrin, prime ici sur de quelconques ambitions de perpétuer autre chose que l’éternel conte mensonger sur la suprématie américaine en toute circonstance.
Le prix à payer pour un rythme tellement vigoureux qu’il finit par tourner en rond, c’est une vacuité du fond que même les appels incessants à tenir bon face à la menace surhumaine ne réussissent pas à remplir. Le public américain verra donc dans ce film – une fois qu’il l’aura découvert dans un mois, plus près du Memorial Day – un hymne sans équivoque à la gloire d’une nation en perte de vitesse, tandis que le reste du monde s’amusera, ou bien s’indignera, du ton outrancier avec lequel le baume est administré au cœur d’un pays, qui a décidément du mal à se séparer de ses rêves d’hégémonie.

Vu le 13 avril 2012, au MK2 Bibliothèque, Salle A, en VO

Note de Tootpadu: