World's greatest dad

World's greatest dad
Titre original:World's greatest dad
Réalisateur:Bob Goldthwait
Sortie:Cinéma
Durée:99 minutes
Date:00 2009
Note:
Le professeur de poésie et écrivain amateur frustré Lance Clayton élève son fils adolescent Kyle aussi bien qu'il le peut. Mais sa progéniture lui rend mal cette affection, qui doit combler l'absence de la mère, partie avec un gigolo. Kyle est un garçon obsédé par le sexe, ingrat et malpoli, qui fait de la vie de son père un enfer. Lance ne se laisse guère décourager par toutes ces humiliations et présente même son fils à sa copine, sa collègue Claire qu'il voit en cachette. Un événement tragique va complètement modifier le regard que son père et les autres portent sur Kyle.

Critique de Tootpadu

Le réalisateur Bob Goldthwait aime bien titiller les limites du bon goût et de ce qui est admissible, au cinéma et dans la vie, pour provoquer son public. Après l'essai douteux sur les conséquences d'un acte isolé de zoophilie dans Juste une fois !, il nous revient avec un sujet pas moins tabou, qu'il traite sur un ton tout aussi cynique.
Comme dans son film précédent, l'intrigue tourne autour d'un fait central, qu'il vaudrait mieux ne pas révéler aux spectateurs n'ayant pas encore vu World's greatest dad. Le réalisateur confirme alors l'impression que nous avons de lui : celle d'un joueur mesquin, dont l'humour trop facile - dans son œuvre et dans la vraie vie (cf. ses vannes aux dépens du traducteur lors de la présentation du film) -, est foncièrement antipathique, quoique pas complètement dépourvu d'intérêt du point de vue de la manipulation narrative et de l'interrogation sur ce que l'on appelle communément et hâtivement "les bonnes mœurs".
En dépit de toutes ses maladresses, le mensonge ignoble sur lequel repose la deuxième partie du film est ainsi un révélateur caricatural de la crédulité de l'entourage de Lance. Cependant, l'absence de remords sincères avant la fin prévisible de la part du père, quant à l'exploitation éhontée de son fils, doit être attribuée plus à l'esprit tordu du scénariste et réalisateur Bob Goldthwait, qu'à une quelconque logique humaine. De telles lacunes scénaristiques majeures sont d'autant plus regrettables que, sans elles, la véhémence contestataire du cinéaste et sa volonté de sortir des sentiers battus aurait certainement de quoi nous séduire. Sauf que la démarche malhonnête et maladivement inconfortable de l'écriture et de la mise en scène de Goldthwait nous prend en otage, malgré nous. Ce ne sont pas les défaillances de la civilisation américaine qu'il vise avec sa provocation, mais notre propre capacité à nous indigner face à un spectacle aussi malsain.
Le pari ne s'avère en fin de compte point gagnant, ne serait-ce que parce que nous ne considérons sous aucun prétexte le suicide comme une source d'humour valable. A moins que cette réserve ne soit en elle-même une contradiction dans le cadre de ce film problématique, qui nous met face aux pires aspects de la nature humaine et s'en amuse. Le vrai souci du cinéma selon Bob Goldthwait, à en juger par ses deux derniers films, est bien celui-là : que le fond foisonnant d'une contre-culture du non-respect des règles du jeu social n'y trouve pas une forme suffisamment vigoureuse, explicite et claire pour rendre son agenda attrayant et davantage qu'une prise de tête, dont l'ambiguïté agace plus qu'elle ne dérange.
Enfin, cette énième histoire de deuil et de désespoir déprimants dans la sélection du festival de Deauville profite au moins partiellement de la présence d'un acteur de la carrure d'un Robin Williams, ami de longue date de Bob Goldthwait. Son cabotinage habituel laisse transparaître au moins de temps en temps le malheur profond, qui a pu pousser un père à un acte aussi désespéré, qui a failli ne profiter qu'à son propre narcissisme.

Vu le 10 septembre 2009, au C.I.D., Deauville, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Ce troisième film de Bob Goldwaith sent un peu le souffre, eut égard au thème principal abordé (la mort d'un adolescent turbulent transformé en suicide). Il débute comme une comédie ("campus movie") pour adolescents et devient peu a peu une comédie dramatique, suite au décès du fils d'un professeur de littérature, interprété par Robin Williams.

Le film traite donc du suicide et du fait de profiter de cet événement. Certes, le personnage se reprendra finalement et perdra ainsi l'estime de ses collègues et de ses élèves, à l'exception du meilleur ami de son fils. Un tel sujet aurait mérité un meilleur traitement. Mais vu l'investissement total du réalisateur dans cette production indépendante, on ne peut qu'y adhérer.

Cependant, le fait de ne pas savoir si nous sommes face à un drame ou à une comédie fait que nous ne pouvons rentrer totalement dans ce film. Le fait de retrouver un tel acteur aguerri dans un film indépendant montre que Robin Williams est capable de participer à un projet même si celui-ci ne lui permet pas de toucher son cachet habituel.

Le propre de ces comédies américaines indépendantes est de pouvoir s'exprimer librement, sans avoir de comptes à rendre à personne. Ce film n'aurait jamais pu être engendré par un grand studio et c'est en cela qu'il mérite toute notre attention.

Vu le 10 septembre 2009, au C.I.D., Deauville, en VO

Note de Mulder: