District 9

District 9
Titre original:District 9
Réalisateur:Neill Blomkamp
Sortie:Cinéma
Durée:112 minutes
Date:16 septembre 2009
Note:
Il y a vingt ans, un immense vaisseau spatial s'était immobilisé dans le ciel, au dessus de Johannesbourg. Une équipe de scientifiques l'avait abordé et y avait trouvé un million d'extra-terrestres inoffensifs et dans un piteux état. Depuis, les "Crevettes" ont été logés misérablement dans un immense bidonville à proximité de leur vaisseau. En raison de leur nombre rapidement croissant et des tensions violentes avec la population des environs, l'agence gouvernementale chargée de la communication avec les visiteurs d'une autre planète va entamer un vaste programme de délocalisation, qui mettra les "Crevettes" à l'écart dans une sorte de camp de concentration. Le fonctionnaire Wikus van der Merwe, bien intentionné mais maladroit, a été chargé de l'opération d'évacuation par son beau-père, un haut dignitaire.

Critique de Tootpadu

Avec peu de moyens, ce film sud-africain réussit à faire plein de choses. Certains aspects rappellent ainsi la fougue et l'inventivité d'un jeune John Carpenter. Mais le réalisateur Neill Blomkamp va piocher dans beaucoup d'autres pots encore, comme les transformations inquiétantes habituellement associées à l'oeuvre de David Cronenberg, notamment à travers une relecture de La Mouche. Cet éclectisme dans le choix et l'assimilation des influences va même un peu trop loin, à notre humble avis, puisqu'à force d'opter pour un nouveau traitement à chaque tournant de l'intrigue, District 9 ne ressemble parfois plus à rien.
Bien sûr, le thème de la subjectivité est au centre du film, de la façon la plus banale imaginable, par le biais de l'évolution du regard que l'exécutant sans personnalité Wikus van der Merwe porte sur le traitement des extra-terrestres. Mais le changement permanent entre les styles et les genres risque de transformer cet axe de réflexion en un gadget sans fondement, à ne plus prendre au sérieux. La prétention à un semblant de réalité à travers le faux documentaire - Peter Jackson (Forgotten Silver) ne s'est pas sans raison associé au projet - est ainsi sans cesse relativisée par une approche viscérale plus enjouée, qui s'inspire au mieux de la guerre moderne vue par Ridley Scott dans La Chute du Faucon noir et au pire de l'esthétique des jeux vidéos de carnage dans la tradition de "Doom".
Le potentiel du talent exubérant du réalisateur se dilue par conséquent trop souvent dans des exercices de style disparates, pour prendre entièrement la mesure de sa critique de la discrimination sous tous ses aspects. Alors certes, District 9 est un film bourré de surprises, bonnes et mauvaises. Et cette inventivité garantit un divertissement de haut vol. Mais dans toute cette frénésie formelle, le parent pauvre demeure l'approfondissement des éléments les plus graves des questions que ce film néanmoins remarquable cherche à soulever.

Vu le 5 septembre 2009, au C.I.D., Deauville, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

L'un des genres de cinéma que j'apprécie le plus est le film de science-fiction, car il permet de nous renvoyer une image de notre société et de ses tares. Des films comme Blade runner de Ridley Scott ou A.I. de Steven Spielberg nous montraient que par moments, même des androïdes peuvent sembler plus humains que les hommes, par rapport aux sentiments et au respect d' autrui.

District 9 s'impose dès sa première vision comme un classique du genre ! Le réalisateur Neill Blomkamp, connu jusque maintenant pour ses excellentes publicités, notamment celles pour Halo, rentre pour moi directement dans la catégorie des grands réalisateurs. Son premier film est non seulement un faux documentaire inspiré sur des extra-terrestres installés dans un camps (le district 9), mais également un vrai film de science-fiction (effets spéciaux convaincants de Weta Workshop à l'appui) et un film d' horreur. En effet, la transformation du personnage principal en extra-terrestre, les crevettes de l'espace, nous rappelle l'excellent film de David Cronenberg, La Mouche.

District 9 est ainsi non seulement une parabole futuriste sur l'apartheid, mais aussi un hymne à la vie et à l'entraide entre espèces. L'amitié qui se crée entre un extra-terrestre, son fils et le personnage Wikus van der Merwe nous renvoie ainsi au film de Wolfgang Petersen Ennemies, où un terrien doit vivre en harmonie avec un extra-terrestre dans un monde hostile.

Les nombreux applaudissements à la fin de la séance, amplement mérités, montrent que ce film est bien l'un des événements forts du festival de Deauville 2009 ! Certes, on remarquera que ce film est d'origine sud-africaine et non pas américaine, et ne devrait donc pas être sélectionné pour ce festival. Mais on ne pourrait bouder une telle réussite en ces temps-ci !

Ce film s'impose comme mon premier coup de cœur de ce festival !

Vu le 5 septembre 2009, au C.I.D., Deauville, en VO

Note de Mulder: