Colline des hommes perdus (La)
Titre original: | Colline des hommes perdus (La) |
Réalisateur: | Sidney Lumet |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 120 minutes |
Date: | 11 juin 1965 |
Note: | |
Vers la fin de la dernière guerre mondiale, l'officier Bert Wilson mène avec une main de fer son camp disciplinaire de l'armée britannique en Libye. Il confie cinq nouveaux détenus au sergent Williams, fraîchement muté d'une prison civile. Williams ne lésine pas sur les corvées, dont la plus dure consiste à monter et descendre une colline artificielle de sable, sous un soleil de plomb. Le gardien compte ainsi rompre l'esprit d'insubordination qui règne parmi ses prisonniers, des voleurs et des déserteurs.
Critique de Mulder
Critique de Tootpadu
La chose qui paraît importer à Sidney Lumet plus qu'aucune autre, c'est la conscience sociale que ses films véhiculent. Et quel contexte plus propice à l'examen des rapports entre hommes (et dans ce cas pratiquement aucune femme) que la prison, de surcroît en temps de guerre. Mais La Colline des hommes perdus sait se dérober aux considérations habituelles de genre, pour être en premier lieu un pamphlet cinglant sur le pouvoir et l'abus incontournable qu'implique l'exercice d'une autorité totalitaire.
Le but justifie peut-être un peu trop les moyens, puisque la mise en scène de Lumet ne fait guère dans la finesse avec ses gros plans de visages et sa caméra chancelante. Et l'origine théâtrale du scénario se fait clairement sentir à travers la structure narrative. Mais si l'on accepte la forme inégale du film comme un moindre mal, on pourra alors admirer un démontage en règle de la pyramide hiérarchique.
Le poids de l'oppression transpire en effet à travers chaque plan, et les penchants les plus vils ne tardent pas à se dévoiler dans cette guerre des nerfs prenante. Chaque manoeuvre participe au redressement des détenus réputés asociaux, ou bien à l'assouvissement de tendances sadiques, jusqu'à ce que la dernière ignominie fasse déborder le vase. Seulement, les stratégies de sortie diffèrent considérablement, entre la folie feinte proprement hilarante de King, et le courage calculé de Roberts. En fin de compte, l'humanité cède à la bestialité, au moment même où la première lueur d'espoir apparaîssait. En voilà une conclusion bien pessimiste, quoiqu'un peu théâtrale.
Devant la caméra magistrale d'Oswald Morris, une distribution au meilleur de sa forme s'exprime. Sean Connery y livre probablement son interprétation la plus ambiguë et réussie, à la fois séduisant et difficile à cerner dans sa méfiance envers les ordres émis par ses supérieurs. Son personnage emblématique est semblable à celui de Roland Bozz (Colin Farrell) dans Tigerland, un film d'une époque totalement différente, certes, mais qui interroge avec autant de clairvoyance l'appareil militaire. A ses côtés, Harry Andrews, Ossie Davis et Ian Bannen excellent également.
Revu le 24 août 2007, à la Cinémathèque Française, Salle Georges Franju, en VO
Note de Tootpadu: